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Bande dessinéeet Les grands classiques  

Bobo (tome 1) - 10 mini-récits
de Rosy et Deliège
Dupuis 2010 /  19 €- 124.45  ffr. / 368 pages
ISBN : 978-2-8001-4647-8
FORMAT : 19,1x14,5 cm

La première pelletée de Bobo

On se souvient de Bobo, le petit bagnard de Deliège. Tout au long de ses albums aux éditions Dupuis, il cherchait vainement à s’évader de la prison d’Inzepocket, croisant au passage des personnages drôles et absurdes : le prisonnier professionnel ou Dupavé, le gardien chargé d’une pierre en trop et toujours avide de s’en débarrasser.
Mais jusque là, sauf à chercher de discrètes éditions, il était bien difficile de lire les premières aventures du petit héros. Et on en oubliait allègrement Rosy, son premier scénariste, totalement absent des albums.
C’est donc un bien agréable souvenir pour les nostalgiques que de voir Bobo rentrer au bercail de la maison belge, dans un gros volume reprenant ses dix premières aventures. Et la revanche du cocréateur, présent dans les médias depuis la réédition de ses Tif et Tondu, et dont on redécouvre le rôle de gagman et d’homme à tout faire à la rédaction de Spirou dans les années 1960.

Désormais soucieux de revaloriser leur patrimoine, les éditions Dupuis ont eu la bonne idée de repartir des originaux, reproduits en noir et blanc au format de création. L’album n’est pas géant pour autant, compte tenu de l’origine modeste du prisonnier : comme les Schtroumpfs, Boule et Bill ou le Flagada, Bobo est né dans les mini-récits du journal Spirou, cette idée d’Yvan Delporte devenue presque une référence dans l’histoire de la bande dessinée franco-belge.
Mais à la différence de nombre de ses contemporains, Bobo est d’abord devenu une des vedettes incontestables de cette rubrique. Avec 79 mini-aventures, il est même passé en tête du peloton. C’est un des mérites de cette édition que de diffuser en librairie un genre passé de mode, en l’accompagnant d’une introduction claire à défaut d’être novatrice.

Certes, ces premiers récits de Bobo n’ont pas si bien vieilli. Deliège fait encore ses gammes sur un dessin parfois maladroit et souvent raide ; heureusement, on sent pointer une efficacité qui fera la réussite des pages de sa maturité. Quant à Rosy, il utilise une formule qu’il affectionne alors, celle de l’idée simple mais dynamique qui rebondit de page en page en provoquant divers accidents. Explosions, envols, chutes et rétablissements sont le lot commun de fantaisies qui empruntent largement au cartoon américain. Bobo, c’est un peu le chaînon manquant entre les Dalton et Vil Coyote, le bagnard pugnace qui reçoit toujours le coup qu’il destinait aux autres.

Les nostalgiques trouveront forcément du charme à ce genre désuet, adapté aux formes de publication de l’époque. Ils apprécieront aussi de voir se constituer les premiers éléments de la galerie de personnages qui fit le sel de la série : outre Bobo lui-même, on voit ici passer le maladroit Julot-les-Pinceaux, son fidèle lieutenant, ou le directeur, brave homme affable qui ne souhaite que le confort de ses prisonniers et de bons Saint-Honoré sur sa table. Les amateurs repéreront même quelques premières incarnations de l’inspecteur et de l’infâme Jo-la-Candeur.
Les autres pourront s’interroger sur cet étonnant anti-héros, dont on aurait pu croire à première vue l’avenir un peu limité. Et il faut espérer que Dupuis leur donnera tort, en republiant les histoires qu’il a vécu des décennies durant, en grand et en petit format.

Clément Lemoine
( Mis en ligne le 04/10/2010 )
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