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Bande dessinéeet Les grands classiques  

Lucky Luke, tome 40 - L'artiste peintre
de Morris et De Groot
Lucky Comics 2001 /  7.94 €- 52.01  ffr. / 46 pages
ISBN : 2-88471-096-5
FORMAT : 23 X 30

Lucky Luke, humble et célèbre

Le Lucky Luke nouveau est arrivé, et comme le Beaujolais, on ne sait pas avant de le goûter s’il s’agit d’une bonne cuvée. Après beaucoup de mauvaises surprises, il faut dire que l’on a appris à se méfier. Mais avec L’Artiste Peintre, avouons-le, la récolte n’est pas si mauvaise.

A propos de vignoble, d’ailleurs, le comparse dont est cette fois flanqué Lucky Luke s’y connaît. Le fameux cow boy solitaire croise ici la route du célèbre peintre Frederic Remington, dont le physique de déménageur - vérité historique - évoque un autre monstre sacré, plus contemporain celui-là. Il y a du Depardieu dans le Remington de Morris, le Depardieu vigneron comme le Depardieu assoiffé d’Uranus, capable d’avaler ses douze litres de blanc quotidien - le côté gargantuesque de Remington est primordial dans son incarnation en BD.

Lucky Luke est chargé d’assurer la protection de Remington, qui s’est mis en tête de peindre le grand chef indien Hiawatha. L’artiste armoire à glace n’en a d’ailleurs guère besoin et l’intérêt de l’album est ailleurs que dans une histoire sans surprises où l’on retrouve toujours un peu les mêmes ficelles comiques : le bandit terrifiant ridicule, l’habileté de Luke au tir, l’humour décalé qui transforme illico un tenancier de bistro en restaurateur et un chef indien en parfait connaisseur de la langue des longs couteaux. L’efficacité de ces ficelles a été maintes fois prouvée, même si elles ont tendance à manquer de capacité de renouvellement.

Le plus intéressant réside bien dans la confrontation entre deux monstres sacrés, cette rencontre de Lucky Luke avec une célébrité de son temps. Ce n’est pas la première fois que Lucky Luke tutoie les plus grands. Ses pas ont déjà croisés précédemment ceux d’un grand duc russe, de Sarah Bernhardt ou de Calamity Jane. Le poor lonesome cow boy s’est fait tout au long de sa carrière un solide carnet d’adresses.

Malgré cela, d’ailleurs, il sait rester humble, comme s’il savait qu’au fond la notoriété ne doit pas faire tourner la tête. D’autant que, finalement, l’homme qui tire plus vite que son ombre est vraisemblablement plus connu que tous ces géants qui croisent son chemin. Et malgré cela, il a su demeurer détaché, philosophe. Peut-être même un brin désabusé … Aurait-il atteint une forme de sagesse ? Après quelques soixante-dix aventures, il l’aurait bien mérité.

Thomas Bronnec
( Mis en ligne le 29/03/2001 )
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