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L’État de la bande dessinée - Vive la crise ?
de Collectif
Les Impressions nouvelles - Réflexions faites 2009 /  19.50 €- 127.73  ffr. / 224 pages
ISBN : 978-2-87449-061-3
FORMAT : 17x24 cm

Les bulles éclatent

Pour ceux qui n’auraient pas suivi, c’est la crise. La bourse dégringole, le pouvoir d’achat s’effondre, le marché du CD se ratatine, la presse se casse la figure, le moral est en berne, on en passe et des pires. Et pendant ce temps-là, un petit village d’irréductibles continuent de produire des bandes dessinées. Les chiffres sont là. La production n’a cessé de croître, au point que l’on hésite plus à parler de surproduction. Peut-on alors parler de crise de la bande dessinée ? Et si oui de quel genre de crise s’agit-il ici ? Quelles sont les menaces et qui sont les menacés ?
Ce sont là quelques unes des questions posées dans ce précieux ouvrage, fruit des réflexions de la troisième Université d’été de la bande dessinée qui s’est tenue début juillet 2008 à Angoulême.

À côté des albums et des quelques rares publications théoriques sur la bande dessinée, cette étude économique pertinent et passionnante manquait vraiment. Il est ici permis aux plus réfractaires de s’intéresser aux chiffres et au libéralisme. Tout est expliqué avec une simplicité qui n’empêche pas la réflexion et la précision.

On revient en détail sur l’essor de la production de ces dernières années, avec en ligne de mire le krach attendu qui ne vient toujours pas, les chiffres d’affaire qui stagnent, l’essor de la nouvelle création et des nouveaux formats (avec un témoignage d’Émile Bravo et son travail sur Spirou, peut-être un peu hors sujet mais passionnant). Une place importante est naturellement donnée à une étude sur le « phénomène manga », et le tsunami n’est pas aussi dévastateur qu’on aurait pu le croire, chiffres et relativité à l’appui.

À côté des études générales, la parole est donnée aux acteurs sur le terrain. On suivra avec intérêt les exposés de Louis Delas (Casterman) ou Grégoire Seguin (Delcourt), deux représentants de « grands groupes », et, à l’opposé, celui d’un « petit éditeur» (Jean-Louis Gauthey de Cornélius). De même un libraire spécialisé et un responsable du secteur BD de chez Virgin sont sollicités. On le voit, la parole est donnée à chacun, sans chercher à jeter la pierre à quiconque, mais juste dans l’espoir de confronter les points de vue et cumuler les informations afin de mieux appréhender les réalités complexes du marché, et cette longue chaîne intervenant entre la première idée de l’auteur et le premier contact avec le lecteur.

Tour à tour rassurant ou inquiétant. Mais diablement intéressant.

Alexis Laballery
( Mis en ligne le 27/01/2009 )
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