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Pandora 2

Casterman 2016 /  18 €- 117.9  ffr. / 64 pages
ISBN : 9782203119512
FORMAT : 18,4x26 cm

Collectif

Travaux de groupe

Avec ce deuxième numéro, Pandora, « revue de bande dessinée et fiction », propose à nouveau un casting impeccable. Auteurs reconnus et nouveaux noms exposent leurs travaux en cours.

Pour certains, c'est l'occasion de revenir sur leurs personnages habituels, préparant le terrain à de futurs albums. On reconnaîtra le gourmet solitaire chez Taniguchi, Canetor chez Michel Pirus ou Toby et son maître chez Grégory Panaccione. D'autres enfoncent le clou, précisant leur dessein. On comprend mieux le précédent récit d'Otomo, en découvrant qu'il inaugurait une série dont nous lisons cette fois le deuxième épisode. Il n'est pas le seul, puisque Jean-Christophe Menu et Aapo Rapi annoncent aussi des rendez-vous réguliers. Reste à savoir si le rythme trimestriel de Pandora est compatible avec des histoires à suivre.

La revue est aussi un espace de surprises où les dessinateurs sont parfois conviés à essayer d'autres chemins que ceux qu'on leur connait, y compris en prenant des risques : si le flirt de Manu Boisteau avec les hachures est une réussite, on n'en dira pas autant des variations mystiques de Pleyers...
Il est rare, peut-être inédit, qu'une revue de gros éditeur s'éloigne aussi souvent du narratif. La présentation de Victor Hussenot rappelle ses intentions de faire un médium qui pense, plus qu'il ne raconte. C'est aussi le cas de Dal et De Moor, dont le travail, sans surprendre vraiment, traîne plutôt du côté de l'expérimental. On pourrait tout autant citer les planches d'Aseyn, qui virent au haïku, ou celles de Joub, construites sur des suites de selfies sans chronologie. La grille et le dessin se rejoignent pour exprimer des instantanés, des poèmes en prose, des recherches visuelles qui ne s'embarrassent pas d'histoire.

La préface de Pandora choisit d'ailleurs comme références Little Nemo et La Déviation. Deux dates-clés dans l'histoire de la bande dessinée, mais surtout deux œuvres basées sur le format court, proche de l'improvisation. Des expériences de dessin, aussi ; et il n'est donc pas étonnant que la revue laisse des auteurs se concentrer sur des images, à l'instar de David Prudhomme qui se contente de la 2e et 3e de couverture.
Ce n'est pourtant pas le cas de tous les auteurs. Le sommaire rassemble des noms de toutes les générations et de toutes les tendances graphiques. La jeune génération présente ici rappellera des souvenirs aux lecteurs de blogs bd : Nancy Peña, Aseyn, Terreur graphique, tous au mieux de leur forme. Dans cette diversité, chaque lecteur choisira ses préférences. De mon côté, c'est chez Aapo Rapi, Killofer, Jean Harambat ou Eleanor Davis que j'ai trouvé les récits les plus plaisants. Des auteurs qui, eux, n'ont pas abandonné le narratif, mais se servent tout de même de la bande dessinée pour explorer des rythmes ou des séquences inattendus.

Il est bien sûr impossible de citer tout le monde. Une des qualités de Pandora est de présenter une foule d'auteurs, tout en réservant à chacun une place qui le mette en valeur. Les histoires se suivent et ne ressemblent pas, entraînant peu à peu le lecteur dans un voyage visuel inépuisable.

Clément Lemoine
( Mis en ligne le 27/09/2016 )
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