Bande dessinée
Revues, essais & documents de Collectif
Vertige Graphic 2008 / 22 €- 144.1 ffr. / 95 pages
ISBN : 978-2-84999-061-2
FORMAT : 22,5x29,5 cm
Balade argentine
Comme il est précisé très vite dans cet ouvrage, il n’y a pas d’école argentine de bande dessinée, mais une production qui se caractérise par « l’hétérogénéité, la coexistence de styles et de modalités d’expression très différents », aussi ce beau livre ne peut que jouer la carte de l’énumération, l’exhaustivité en moins (« L’encyclopédie de l’historieta argentine reste à faire, ceci n’est qu’un début »), le plaisir des images en plus, et la diversité toujours présente. Très richement illustré, chaque page de ce recueil est un bel émerveillement devant des images toujours pertinentes, souvent étonnantes, l’occasion de rencontres inédites (Divito, Trigo…) ou de retrouvailles (Breccia, Zarate…).
Et ce qui ressort avant tout de ce (trop) rapide panorama c’est la richesse d’une bande dessinée, pas toujours argentine d’adoption d’ailleurs, mais qui semble conjuguer dans ses traits le sens du comics américain, des serial et des univers disneyen, avec une maturité toute « européenne » et une envie de défricher certains territoires inconnus. Le pays a donc vu naître, ou passer, des grands maîtres et des petits génies, tous élaborant une belle et singulière œuvre, révélant des graphismes singuliers (les formes alanguies de Carlos Nine, le noir et blanc de Muñoz…), des ambiances captivantes (le Mort Cinder de Oesterheld et Breccia), et des petites vies chroniques dessinées devenues des classiques comme Mafalda… Plusieurs revues sont aussi citées, dévoilant le riche marché littéraire du pays.
Élaboré suite à l’exposition qui s’est déroulée pour le festival d’Angoulême 2008, l’ouvrage garde dans sa construction l’errance d’un visiteur passant de salle en salle, un peu perdu, sans plan pour s’orienter. Manquent en effet ici peut-être quelques informations factuelles, quelques repères qui n’auraient pas été de trop pour se diriger sur le fil de cette progression hasardeuse, vaguement chronologique. Au lecteur d’accepter de se perdre et de grappiller ici et là quelques images, quelques planches, quelques petites histoires (le contexte historique est souvent mis en avant). Entre les grands récits d’aventures et les saynètes humoristiques, la promenade, « balade subjective et en zigzag » comme l’énonce joliment le guide, José Muñoz, vaut assurément le détour. Véritablement stimulant.
Alexis Laballery
( Mis en ligne le 04/03/2008 )
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