L'actualité du livre
Bande dessinéeet Adaptation  

Orgueil & préjugés et zombies
de Tony Lee et Cliff Richards
Casterman 2011 /  16 €- 104.8  ffr. / 176 pages
ISBN : 978-2-203-03425-9
FORMAT : 17x26,3 cm

D'après les romans de Jane Austen et Seth Grahame-Smith

L’improbable pastiche

Il y a des pastiches plus improbables que d’autres, mais en général, quand on met du zombie dans un texte, un film ou une bande dessinée, il y a fort à parier que l’œuvre en question devra être lue/vue au second degré, sur le thème – désormais acquis dans le genre zombie – de la critique de la société de consommation. Avec le mariage, réussi, entre Jane Austen et les morts-vivants, la critique n’est cette fois pas économique, mais sociale, et loin de s’attaquer à la mondialisation et à ses vices, c’est aux mœurs de la bonne société, à leur dureté et à leur hypocrisie que Jane Austen, il y a deux siècles de cela, puis Seth Grahame Smith (dans un roman publié en 2009 et qui a fait le buzz déjà dans sa version littéraire) se sont attaqués, avec succès. Adaptation BD du best seller précité, lui-même pastichant le roman majeur de Jane Austen, Orgueil & préjugés et zombies tient les promesses de la parodie imaginée par Grahame-Smith, comme l’indique du reste la couverture, tout à fait dans le ton de l’ouvrage.

L’histoire est connue, un classique : dans la campagne anglaise du Hertfordshire, Mrs Bennet tente de caser ses cinq filles à marier, afin d’éviter l’insupportable déchéance qui résulterait d’un veuvage inopportun… mais voilà, l’une d’entre elles, l’aînée, Elisabeth, est plus sauvage, plus rétive, plus « nature » et n’entend pas se soumettre aux diktats de la société et de la morale victorienne. L’arrivée, dans la région de Longbourn de Mr Darcy vient bouleverser ce caractère fier… Mais Darcy, stigmatisé par un adversaire, coureur de dot, l’infâme Wickham, doit faire preuve de noblesse (d’autant qu’Elisabeth a la répartie vive… pour ne pas dire brutale) pour conquérir un cœur insoumis…

… et puis il y a les innommables, des zombies qui infestent la campagne anglaise. Heureusement, les filles Bennet ont été formées aux arts martiaux par les meilleurs maîtres chinois, maîtrisant un terrible « pentagramme de la mort », et se rient des ninjas venus les éprouver, alors quelques zombies. Mais le zombie fait toutefois son petit effet (irruption dans une « party » très racée, ou carnage lors de l’office divin…) et les moments de tranquillité sont, plus que souvent, interrompus par quelque assaut désagréable. Reste Darcy, beau, fringant et aussi à l’aise avec une carabine qu’avec les dames… On alterne cup of tea et chainsaw massacre, my dear ?

Le pastiche était anthologique, la version BD tient ses promesses : dans un style comics assez classique (un classicisme qui se marie finalement assez bien avec le ton décalé de l’histoire), noir et blanc, Tony Lee et Cliff Richards livrent une version fidèle du roman, avec force bagarres, combats, hémoglobine et joyeux zombies. Une adaptation sympathique, dont l’originalité réside moins dans le graphisme que – encore une fois – dans le récit.

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 07/02/2011 )
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