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Bande dessinéeet Adaptation  

Les Enfants du Capitaine Grant, de Jules Verne (vol. 2)
de Alexis Nesme
Delcourt - Ex-Libris 2011 /  10.50 €- 68.78  ffr. / 48 pages
ISBN : 978-2-7560-1054-0
FORMAT : 22,6x29,8 cm

Plein les yeux

Deuxième salve de cette extraordinaire aventure qui mène ses personnages, et ses lecteurs, au bout du monde. Après l’Amérique du Sud, cap vers l’Australie. Le message de détresse, partiellement effacé, retrouvé dans une bouteille a été en effet réinterprété par les héros (Lord Glenarvan en tête), et le navire le Duncan fait donc maintenant route à rebours. Le but est toujours le même : retrouvé le Capitaine Grant, naufragé malheureux et sans doute captif d’une tribu d’indigènes plutôt hostiles.

Forcément, avoir Jules Verne comme scénariste simplifie la tache. Toute la trame est ici d’une perfection absolue, d’une construction à la fois évidente et insolente, multipliant les rebondissements farfelus, les scènes d’actions épiques, les passages pédagogiques et jonglant avec les différents personnages. Pour Alexis Nesme, le défi est donc de faire rentrer tout ça dans ses petites cases. Parfois, ça déborde un peu, ça enfle, mais dans l’ensemble, le travail d’adaptation est impeccable et astucieux, rendant parfaitement hommage au roman original et à l’œuvre générale du génial auteur français.

Surtout, Alexis Nesme est un formidable illustrateur et, comme dans le premier volume, chaque planche est ici un régal pour les yeux. Artisan des couleurs, architecte des lumières et tapissier de textures, Nesme élabore une esthétique rétro du plus bel effet, surtout qu’elle est, aujourd’hui, unique en son genre. À l’heure où la tendance généralement suivie par les jeunes auteurs de bande dessinée est de dessiner vite et pas toujours bien, le travail ici effectué rafraîchi les yeux. Certains iront râler, ne voyant dans ces « jolies images » que plates illustrations. On préférera apprécier le résultat en parfaite adéquation avec son sujet : nous voici revenus au temps d’Hetzel et des reliures cuir, des papiers jaunis, des gros fauteuils chauffés par une large cheminée, des compas lourds et des boussoles cuivrées. Nesme ne s’est pas trompé dans son choix de traiter le roman avec autant de préciosité ; il fallait ensuite le talent pour s’y atteler. Tout au plus pourra-t-on reprocher un manque de diversités dans les expressions des personnages. Certes, il n’est pas facile de faire douter un ours ou sourire un tigre mais la bande dessinée animalière à de beaux jours derrière elle, et de beaux exemples de réussites qui auraient pu autrement inspirer l’auteur.

Tout cela se déguste consciencieusement, il ne faut pas brusquer de telles planches, il faut s’y plonger et espérer que cette page que l’on tourne ne soit pas encore la dernière.

Alexis Laballery
( Mis en ligne le 19/04/2011 )
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