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Bande dessinéeet Adaptation  

Gilgamesh (tome 2) - Le Sage
de Gwen de Bonneval et Frantz Duchazeau
Dargaud - Poisson Pilote 2005 /  9.85 €- 64.52  ffr. / 48 pages
ISBN : 2-205-05715-4
FORMAT : 23 x 30 cm

Le chic des Titans

Suite et fin de l’épopée mésopotamienne du souverain d’Uruk, Gilgamesh, figure mythique et légendaire, aux deux tiers divin, à la fois tyrannique envers son peuple et constamment en proie à ses démons intérieurs. Le premier opus relatait, entre deux exploits spectaculaires, la rencontre du souverain avec le puissant Enkidu, créature façonnée par la déesse Aruru. Au départ sauvages adversaires, les deux surhommes deviendront finalement les plus fidèles compagnons. Le début de ce second épisode est marqué par la lente agonie d’Enkidu puis finalement sa disparition, laissant un Gilgamesh totalement anéanti, et réalisant brutalement sa condition d’être mortel. Pour celui qui a vaincu déjà tant d’épreuves et surmonté multitude de dangers, la mort n’est pas une fin possible et il va partir braver les Enfers et ses créatures à la recherche d’Utanapishtim, lointain ancêtre qui a obtenu des Dieux la vie éternelle… Mais dans cet univers fabuleux où le fantastique est quotidien, le périple de Gilgamesh ne sera pas sans peine, et les épreuves se succèdent pour le demi-dieu : lutte avec un lion, rencontre avec les hommes-scorpions, traversée des Eaux-de-Mort, ou encore – Noé avant l’heure - à la tête d’une Arche remplie d’espèces animales, face au Déluge.

Ce second tome, nettement plus grave que le premier mais tout aussi riche en moments forts, termine la série sans fausse note. L’exercice était pourtant peu facile : il s’agit de retranscrire mythes et légendes sans toutefois tomber dans l’adaptation scolaire et boursouflée. L’emphase et le grandiose ne peuvent se permettre de prendre le dessus sur l’intime et la proximité sous peine de laisser son lecteur devant la simple illustration d’écrits ancestraux, et d’en perdre le sens profond. C’est que Gilgamesh est un héros complexe ; sa force herculéenne, sa fierté et l’emprise totale sur son peuple ne le laissent pas pour autant à l’abri d’interrogations existentielles qui le rongent sans cesse. La narration de Gwen de Bonneval, à la fois fidèle au mythe, joue sur une certaine simplicité de ton, et révèle ainsi tous ses atouts : linéaire et sans détours, elle nous met face au parcours d’un personnage – nouveau héros de bande dessinée dont on s’étonne qu’il n’est pas déjà fait l’objet d’adaptation antérieure – et n’oublie jamais de donner une large place au dynamisme et au spectaculaire. C’est le subtil équilibre entre ces deux facettes du mythe qui font de Gilgamesh un moment de lecture très réussi. Le trait nerveux de Frantz Duchazeau, parfois se réduisant à la simple esquisse, participe à l’approche quelque peu distante de la légende. L’ensemble est joliment mis en couleurs par le toujours impeccable Walter et ses aplats qui s’adaptent à chaque trait avec la même élégance.

Alexis Laballery
( Mis en ligne le 03/10/2005 )
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