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Bande dessinéeet Adaptation  

L'Etrangleur (n°3)
de Jacques Tardi et Pierre Siniac
Casterman 2006 /  1.80 €- 11.79  ffr. / 16 pages
ISBN : 2203399155
FORMAT : 29,7 x 42 cm

Tardi au goutte-à-goutte

Après Léo Malet (Nestor Burma) et Jean-Patrick Manchette (Griffu, Le Petit Bleu de la côte Ouest, voir notre article), c’est Pierre Siniac et son Monsieur Cauchemar qui ont inspiré le dernier album de Jacques Tardi. Un album, ou plutôt, à l’heure qu’il est, un feuilleton mensuel qui nous tient en haleine depuis mars, sous la forme d’un journal de 16 pages aux dimensions généreuses (29,7 x 42 cm), aux feuilles épaisses, vendu sous blister en librairies : L’Etrangleur. L’album à proprement parler est prévu pour fin septembre : Le Secret de l’Etrangleur fera mieux que reprendre l’intégralité des 70 planches parues de mars à juillet, puisque l’éditeur nous promet « plusieurs fins alternatives (comme dans le roman de Siniac, ndlr) que Tardi a dissimulées dans des doubles pages hermétiquement fermées, qu’il faut découper pour les découvrir. » Préparez les coupe-papier !

L’histoire se passe à Paris, à la fin des années 50. La pluie et le brouillard recouvrent le pavé de la capitale, un pavé qu’il n’est pas conseillé de fouler seul nuitamment car un dangereux étrangleur multiplie les forfaits : un meurtre chaque soir, depuis que la police est en grève. Cet étrangleur, c’est le libraire Valentin Esbirol, ravi de voir enfin s’offrir à lui en cet hiver 1959 « les conditions nécessaires pour commettre un crime parfait, un assassinat de préférence par strangulation ». Le mystère, c’est le mobile du crime… Esbirol semble choisir ses victimes au hasard, mais fait un travail de pro : il prend soin d’étudier minutieusement leur emploi du temps pour ne rien laisser au hasard au moment de les occire. Féru d’hypnose, il se livre toujours au même rituel pour un passage à l’acte en deux temps, toujours gagnant. Comble de la perversité, il en vient même à inviter le jeune Foncinet à assister à ses crimes. Foncinet, un gamin de 12 ans passionné de romans policiers qui passe ses journées dans la librairie d'Esbirol. Foncinet, dont l’affreux beau-père n’est autre que l’inspecteur Budé, qui ronge son frein, torturé par le dilemme entre sa solidarité de gréviste et les provocations de l’étrangleur…

On retrouve ici tout ce qui fait que l’on aime le père d’Adèle Blanc-Sec : une comédie humaine qui mêle folie, sordide et médiocrité, un humour savamment distillé, un argot savoureux, et la ville en toile de fond, ce Paris « d’avant » si bien rendu par les pinceaux de Tardi. Tous les amateurs se jetteront sur L’Etrangleur les yeux fermés, pour la modique somme de 1,80 euro par édition.

Anne Bleuzen
( Mis en ligne le 20/06/2006 )
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