L'actualité du livre
Bande dessinéeet Adaptation  

A la recherche du temps perdu (vol. 4) - Un amour de Swann (première partie)
de Stéphane Heuet
Delcourt 2006 /  12.90 €- 84.5  ffr. / 48 pages
ISBN : 2-84789-321-0
FORMAT : 23x32 cm

Adapté de l'oeuvre de Marcel Proust.

La case de l'oncle Marcel

Après « Combray » et les « Jeunes filles en fleurs » (2 tomes), Stéphane Heuet adapte « l’épisode » le plus connu et le plus lu de la Recherche : « Un amour de Swann ». L’histoire de cette relation entre l’esthète Charles Swann et la « cocotte » Odette de Crécy a un statut un peu à part dans la Recherche. Situé dans le premier volume proustien (Du côté de chez Swann), « Un amour de Swann » est un roman à lui seul (il a d’ailleurs été publié seul, disponible en livre de poche). Cet amour improbable qui lie Charles Swann à une femme qui n’est « pas son genre » a lieu avant la naissance du Narrateur. Si celui-ci le relate de façon si détaillée, si appliquée, c’est qu’il fait écho à ce qu’il vivra lui-même une vingtaine d’années plus tard avec Albertine.

« Un amour de Swann » contient les germes d’une partie de la mythologie proustienne : les catleyas, la Sonate de Vinteuil, les Verdurin et leurs salons emplis de pittoresques personnages. L’adaptation de Stéphane Heuet, qui se fera en deux tomes, a les mêmes qualités et les mêmes limites que ses précédents albums. Au rang des qualités, un remarquable travail de documentation, un souci du détail qui font de ses dessins une représentation très réaliste, fidèle au monde proustien. On est vraiment dans l’ambiance de la Recherche. Mais Proust, bien sûr, c’est d’abord du texte et de longues phrases pas faciles à « caser » dans des planches de BD ! Certaines d’entre elles sont ainsi littéralement inondées de mots (p.  6-7, 14-15, 29, 34-35…) et il ne reste plus alors assez de place au dessin pour être autre chose qu’une « illustration » du texte, au sens le plus basique du terme.

Alors pourquoi lire Proust en bande dessinée ? Parce que la montagne semble moins difficile à gravir, certainement. Les adaptations de Stéphane Heuet ont sans aucun doute permis une rencontre avec Proust à beaucoup de gens, beaucoup de jeunes peut-être, qui n’auraient jamais osé ou jamais eu le courage d’ouvrir la Recherche, qui est un tel mythe qu’on peut – à tort – s’en sentir d’emblée exclu. Peut-être leur auront-elles même donné envie d’aller ensuite chercher toute la richesse de Proust « dans le texte ». Et ce serait là le plus bel hommage à rendre au travail de Stéphane Heuet, parions-le.

Anne Bleuzen
( Mis en ligne le 30/01/2007 )
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