L'actualité du livre
Bande dessinéeet Adaptation  

Frère Joyeux
de Renaud Dillies
Paquet - Tekap 2007 /  5 €- 32.75  ffr. / 32 pages
ISBN : 978-2-88890-158-7
FORMAT : 22x30 cm

Le soldat sans le sou

Après quatre albums très réussis dont les très attachants Betty Blues et Sumato, Renaud Dillies revient avec cette adaptation d’un conte méconnu des frères Grimm, Fère Joyeux (Bruder Lustig en V.O.). Le jeune dessinateur laisse donc de côté les figures animalières héroïnes de ses précédents ouvrages pour suivre le périple d’un soldat réformé, Frère Joyeux, et aujourd’hui sur le chemin du retour à ses pénates. La route est longue et le modeste conscrit n’a en sa possession que quatre deniers et un bout de pain. En cours de voyage, différents mendiants mettent à sec ce pécule, et le soldat trop généreux n’a plus grand-chose pour se sustenter. La suite du récit le mettra aux prises avec un autre vagabond aux allures de Gandalf le magicien, lui aussi peu fortuné mais dont la proximité fait figure de test pour Frère Joyeux. Entre avarice, générosité et mensonge il faudra choisir une voie…

Du conte original, Renaud Dillies a conservé l’essentiel même si plusieurs éléments importants (la véritable identité des premiers mendiants) et autres étapes significatives ont été complètement éludés. Le résultat est une bande dessinée concise à l’intrigue resserrée, fable accrocheuse pleine de faux-semblants, de sortilèges et de coups du sort. C’est que dans ce monde de légendes, le fantastique est au coin de la rue et tout prend rapidement les atours du merveilleux, un château hanté, une route de campagne, ou un fleuve à traverser. Et au bout du compte (du conte), la morale n’est pas forcément sauve, ceux qui s’en sortent ne sont pas les plus gentils mais les plus malins…

Graphiquement, en changeant de technique, Renaud Dillies semble perdre ici des qualités qu’il récupère ailleurs. Les couleurs directes sur un trait plus nerveux donne à ce livre une belle ambiance, teintes terreuses et grain du papier visible par endroits accompagnent à merveille les tribulations dans cet univers médiévalo-fantastique avec les inévitables vieilles auberges, châteaux aux tours impossibles et arbres aux branches tortueuses. Le dessinateur s’autorise de plus de belles idées esthétiques comme ces visages aux allures de masques de bois vernis, une porte qui claque sans mur ou une étendue d’eau qui se marie avec le blanc du papier. Mais d’un autre côté, le dessin semble parfois un peu manquer de finition et certaines séquences qui, « sur le papier », semblaient prometteuses, perdent dans l’exécution un peu de leur pouvoir de séduction. Faute sans doute à un manque de détails dans les décors, et de diversité dans les expressions et gestuelles. Malgré ces petites réserves, l’ensemble reste d’une très belle qualité et l’on se plaît à s’attarder sur certaines de ces planches.

Frère Joyeux est l’un des trois albums qui ouvre la nouvelle collection des éditions Paquet, « Tekap », des ouvrages cartonnés et en couleurs de 32 pages, récits à suivre ou non, au prix unique et modique de cinq euros. Une occasion économique de faire de nouvelles belles découvertes.

Alexis Laballery
( Mis en ligne le 25/04/2007 )
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