L'actualité du livre
Bande dessinéeet Adaptation  

Robinson Crusoé de Daniel Defoe (vol.2)
de Christophe Gaultier
Delcourt - Ex-Libris 2007 /  9.80 €- 64.19  ffr. / 48 pages
ISBN : 978-2756008127
FORMAT : 23x30 cm

Robinson dans l'île

En mars dernier, Christophe Gaultier inaugurait en beauté la très littéraire collection « Ex-Libris » avec le premier tome de son Robinson Crusoé. L'album adaptait les premiers chapitres, peu connus, du roman de Daniel Defoe, au cours desquels Robinson, jeune anglais de bonne famille, part étancher sa soif d'aventure sur les océans. S'ensuit une invraisemblable série de désastres, qui s'achève par son fameux naufrage.
Tout juste 6 mois plus tard, le second volume (sur 3 prévus) reprend le cours du récit là où il avait été interrompu : ayant miraculeusement survécu à la catastrophe, Robinson échoue sur une île déserte. Là, avec un chien et un perroquet pour seuls compagnons, le naufragé organise sa nouvelle vie. Une Bible retrouvée dans l'épave du navire l'amène à se tourner vers la religion : désormais, son existence solitaire sera guidée par la foi.

Avec ce deuxième tome, Christophe Gaultier rentre donc dans le vif du sujet, et c'est ce qui fait la force et la faiblesse de l'album. Sa force, car le récit de Defoe prend évidemment toute sa dimension lorsqu'il se déroule sur l'île. Sa faiblesse, car cette partie-là de l'histoire, le lecteur la connaît déjà par coeur, inévitablement (et ce même s'il n'a jamais lu le roman original). Heureusement, l'adaptation de Gaultier est suffisamment fraîche et inventive pour qu'on se laisse emporter malgré tout. Glissant rapidement sur les séquences « techniques » (Robinson aménage sa grotte, Robinson construit une pirogue...), Gaultier s'attarde surtout sur l'aspect psychologique, plus intéressant : l'histoire de Crusoé est avant tout celle, fascinante, d'un homme prisonnier de sa solitude. On regrettera simplement que la concision du format 44 pages ne permette pas de développer l'étude davantage. Le traitement graphique, à la fois très moderne (par son appartenance clairement affichée à la mouvance « nouvelle BD ») et parfaitement adapté à un récit classique (grâce à son esthétique « rugueuse » qui rappelle la gravure), est toujours somptueux ; aussi bien dans les scènes d'exploration, qui font la part belle aux décors, que dans les séquences très expressives où Robinson cède à ses délires mystiques. Le dernier tiers de l'album, consacré à l'invasion de l'île par une tribu de cannibales, est superbement mené, et visuellement impressionnant. À l'issue de cet acte, Robinson libère Vendredi des griffes des sauvages. Suite et fin de l'aventure dans le troisième volume...

Michaël Bareyt
( Mis en ligne le 05/11/2007 )
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