L'actualité du livre
Bande dessinéeet Adaptation  

Le portrait de Dorian Gray, de Oscar Wilde
de Stanislas Gros
Delcourt - Ex-Libris 2008 /  9.80 €- 64.19  ffr. / 64 pages
ISBN : 978-275601120-2
FORMAT : 22,6x29,8 cm

Portrait de groupe

Le portrait de Dorian Gray… un classique de la littérature anglaise, un peu ironique, un peu fantastique, un peu philosophique, un peu mondain… On connaît l’histoire de ce dandy dont le portrait va s’avilir à sa place, mais jusqu’à quel point ? Derrière une apparence angélique, un monstre froid et égoïste, égotiste même, qui finit par perdre son âme et sa vie dans l’affaire. « La nature imite l’art » disait le dandy Oscar Wilde, un brin provocateur, et qui paiera cher, en la geôle de Reading, des goûts anticonformistes. Un monument donc, à adapter tout en finesse pour éviter de tomber dans la grosse facilité… et pour cela, il fallait une collection ambitieuse, comme Ex-Libris, et un auteur audacieux, respectueux de l’œuvre sans être trop soumis. Stanislas Gros, qui avait déjà fait la démonstration d’un beau talent « hugolien », livre ici un Dorian Gray ébouriffant, un mélange de réalisme naïf et de fantaisie colorée, qui devrait ravir les connaisseurs.

Après Le dernier jour d’un condamné (Delcourt, 2007), adaptation très réussie du chef d’œuvre engagé de Victor Hugo, Stanislas Gros confirme donc ici un talent très sûr, très mur, qui croise les inspirations et les styles, s’amuse à pasticher et sait jouer avec son lecteur autant qu’avec son texte. Sur un texte classique, bien adapté, Gros ne s’est pas contenté d’une adaptation fidèle : c’est bien une relecture, ou même, un portrait de groupe, celui des auteurs « décadents ». On y croise Huysmans et son Des Esseintes (A rebours), Conan Doyle et Sherlock Holmes, des morceaux littéraires choisis (Baudelaire, Laclos…) et même quelques préraphaélites en goguette. Et cela dans un mariage de couleurs qui, comme l’album, sait jouer de la provocation tout en séduisant. Les amateurs apprécieront de croiser, au cours de la lecture, quelques connaissances, et les curieux trouveront, en fin de volume, les références. Bref, un album à déguster et à jouer autant qu’à lire, une variation riche et surtout une magnifique relecture, comme un hommage à la fantaisie et l’insolence d’Oscar Wilde.

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 07/07/2008 )
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