Bande dessinée
Adaptation de Jean-David Morvan et Fabrice Druet
Delcourt - Ex-Libris 2008 / 9.80 €- 64.19 ffr. / 48 pages
ISBN : 978-27560469-3
FORMAT : 22,6x29,8 cm
Petit doublet
Le Double assassinat dans la rue Morgue est un classique de la littérature policière, quasiment le précurseur d’un cas typique, le meurtre en chambre close… et son héros, le chevalier Auguste Dupin, est également l’inspirateur d’un détective qui fera école, celui qui sert de sa logique, de ses neurones, de ses « petites cellules grises » : il ne serait jamais que l’ancêtre de Sherlock Holmes et de tous les déductifs du crime… autant dire qu’on est, avec ce Double assassinat, aux racines du genre. Le roman commence par la rencontre entre le narrateur et Dupin, rencontre autour du whist et d’un commun mépris pour les échecs. Il se poursuit devant un verre d’absinthe et une passion commune pour les énigmes : le duo est formé, prêt à une enquête en cabinet. Et une énigme, il y en a une : un double meurtre terrifiant, celui de deux femmes assassinées dans des conditions atroces, avec un déchaînement de violence inimaginable, un meurtre sans mobile apparent, perpétré dans un espace clos… La police enquête et tourne en rond. Quel meurtrier serait assez bestial ? Et Dupin, dans un face à face avec le narrateur, déroule les pistes, croise les indices, déduit, réfléchit… et parvient à la conclusion, désormais classique, mais toujours impressionnante (et d’autant plus en BD)…
Voilà une adaptation solide, mais sans la poésie qui fait le charme de la collection : si le trait de Fabrice Druet est impeccable, à la fois réaliste et tout en rondeur, sensible aux visages, aux postures aux allures, la mise en scène est un peu plate, à l’image de la couverture, assez banale. Le dialogue entre le chevalier Dupin et le narrateur mérite une attention plus grande aux ambiances, à ce XIXe siècle fasciné par le macabre, le gothique, le mystère. Ce premier album d’une série de trois, qui exploite les romans consacrés aux enquêtes du chevalier Dupin, est donc une mise en bouche, sympathique mais un peu laborieuse par moments. On attend la suite avec l’espoir que les auteurs sauront donner forme aux névroses d’Edgar Allan Poe.
Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 07/07/2008 )
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