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Bande dessinéeet Humour  

Salvatore (tome 3) - Une traversée mouvementée
de Nicolas de Crécy
Dupuis 2009 /  10.40 €- 68.12  ffr. / 56 pages
ISBN : 978-2-8001-4085-8
FORMAT : 24x32 cm

La grande aventure

En suivant les pas de Salvatore, le chien garagiste amoureux, on est dans la belle et grande aventure, le périple au bout du monde, le voyage initiatique rempli d’événements spectaculaires. En tout cas sur le papier. Car dans la réalité, l’aventure a des couacs, les détours sont plus nombreux que prévus, les temps morts aussi et le beau voyage prend des allures un peu brinquebalantes à force de faux départs et de rencontres inattendues. C’est que la route est très longue pour rejoindre la jolie Julie, de l’autre côté de l’océan, quelque part en Amérique du Sud. Encore plus longue si l’on décide de ne pas traverser les eaux, comme la logique géographique le voudrait, mais de se rendre à destination uniquement par la terre (« L’océan, c’est vulgaire, c’est mouvant, pas de repères, que de l’angoisse… », affirme le grand voyageur)…
Cette fois, après deux tomes, le départ est enfin donné. Et pour surmonter les prochaines étapes, Salvatore peut compter sur son véhicule construit de ses mains, et sur son minuscule bras droit (un drôle de gus, un peu timoré mais très fort en ordinateur). De plus, le héros, passablement en verve agrémente le voyage de citations en tous genres attribuées au petit bonheur la chance…

En parallèle à cette expédition, on continue de suivre les destinées d’Amandine, la cochonne, et de ses douze porcelets qui se lancent dans une entreprise lucrative pour faire face à la crise. Quant au petit treizième, François, il a été recueilli par Léa, une chatte gothico-romantique un peu décalée.

Avec Salvatore, Nicolas de Crécy se lance dans la bande dessinée grand public, reprenant les éléments de la littérature enfantine (les figures animalières, le récit de voyage…), pour mieux s’en éloigner. Salvatore est un anti-héros un peu râleur, soupe-au-lait et peu aimable. Amandine, pour subvenir aux besoins de sa petite tripotée, fait les pires boulots, tout en dissertant sur les notions de hasard et de volonté. Quant aux douze petits cochons, ils se lancent dans le commerce peu équitable pour arrondir les fins de mois. L’ironie, la distance et le grand délire composent ainsi la matrice de cette aventure peu commune et bien distrayante. Avec son dessin si particulier, juste jeté mais toujours très précis, et des couleurs délavées, l’univers est parfaitement en place, cohérent même si fait de bric et de broc, d’éléments qui, chez d’autres, ne se combineraient jamais aussi bien. C’est là tout le talent de De Crécy, savoir marier les atmosphères, mixer les tons, pour créer, à nouveau, quelque chose d’unique. Une série vraiment réjouissante.

Alexis Laballery
( Mis en ligne le 12/10/2009 )
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