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Bande dessinéeet Humour  

La Nouvelle Bande des Pieds Nickelés (tome 2) - Bio-profiteurs
de Trap et Stéphane Oiry
Delcourt - Humour de rire 2010 /  10.50 €- 68.78  ffr. / 32 pages
ISBN : 978-2-7560-2080-8
FORMAT : 22,6x29,8 cm

Librement inspiré des œuvres de Louis Forton

En vert et contre tous

Après le succès populaire de « Pas si mal logés », le premier volume de leurs nouvelles aventures des Pieds Nickelés, Trap et Oiry remettent le couvert et les lascars au goût du jour. Les ventes du précédent album avaient largement dépassé les espérances de l’éditeur, témoignant de la pertinence à reprendre aujourd’hui le cynisme amusé des trois aminches. Il restait encore aux deux auteurs à prouver qu’ils ont les moyens de prolonger l’aventure sous forme de série, et c’est bien le cas ici.

Dans un contexte de pandémie grippale qui nous rappelle quelque chose, Ribouldingue contracte une allergie caractérisée à tout vin non-bio. Compte tenu de la descente des compères, les éternuements ne manquent pas, ce qui provoque auprès de la population sensibilisée des psychoses et des paniques en tous genres. Mais cela donne aussi aux Pieds Nickelés l’idée de s’essayer au commerce du bio, à la sauvette ou sur les tables des restaurants. Avec un succès d’esbroufe qui leur sied bien.

La mode bio convient à merveille au trio ; Forton ou Montaubert n’auraient pas manqué de l’utiliser s’ils l’avaient connue, et on l’avait aussi vue dans le gros recueil collectif des éditions Onapratut l’an dernier. Il faut dire qu’anars et populaire, les Pieds Nickelés sont bien placés pour ironiser sur les engouements de la bourgeoisie, en particulier quand elle prétend contester le modèle qu’elle entretient.
Pourtant, la morale de cet album n’est pas anti-bio. Elle en sourit simplement ; et il faut rappeler que le scénariste Trap est aussi un des animateurs du Poulpe multipotent, fanzine écolo et pédagogique qui défend la planète becs et ongles. Non, la dénonciation est ailleurs, dans cette curieuse médiatisation d’une hypothétique « grippe estivale du pigeon », et dans le beau Ministère qu’elle cache : Hygiène Mentale et Physique, tout un programme. Comme le résume Croquignol, il s’agit d’ « extrader hors du territoire et de mettre en centre de rétention » les pauvres volatiles. De quoi se demander s’il est seulement question d’oiseaux. L’Ennemi, contre lequel les Pieds Nickelés se battent toujours, c’est la Propreté personnifiée, l’utopie de pureté qui fait cacher les sans-abri, les sans-papiers et les sans-ministère. Une quête à leur mesure.

Bien ancrés dans leur temps, Trap et Oiry n’oublient pas de caricaturer au passage Roselyne Bachelot et de nous montrer les Vélib’ dans les rues de la capitale. Décidément bons géographes, ils nous régalent de vues de Paris qu’on reconnaît ou qu’on croît reconnaître, s’attardant en particulier sur les restes de la Petite Ceinture.

Clément Lemoine
( Mis en ligne le 25/10/2010 )
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