L'actualité du livre
Bande dessinéeet Humour  

Il était une fois n’importe quoi
de Reza Farazmand
Vraoum ! - Conconcept 2015 /  15 €- 98.25  ffr. / 116 pages
ISBN : 9782365350907
FORMAT : 16x22 cm

« Si la fête tourne mal, bute les tous »

Le petit monde de Reza Farazmand est plutôt simple à comprendre et
appréhender. Il suffit d’être ouvert à tout : des renards avec des jetpacks,
des petits chats qui fument, des brocolis carnivores, des pingouins soucieux
de leur tenue vestimentaire et des gens qui mangent des chaises ou des
ordinateurs… Le trait simple et naïf de l’auteur américain suffit pour faire
passer tous les délires, toutes les élucubrations.
Reza Farazmand œuvre sur son blog Poorly Drawn Lines et les éditions
Vraoum ! ont eu la bonne idée de compiler plusieurs de ces pages pour ce
chouette livre qui se dévore d’une traite ou se laisse picorer au hasard, au
choix.

On pense parfois à Liz Climo pour ce dessin simpliste et ce regard décalé
sur une faune de livres enfantins qui aurait mal tournée. Avec trois fois
rien, un dessin fait sous Paint et encore, Farazmand arrive à figer une
expression : deux petits traits en haut et en bas de deux points noirs et
voilà un regard courroucé, une rage intériorisé. Des effets graphiques
simples mais efficaces, au service d’un art consommé du gag qui fait mouche
sans en avoir l’air. Il y a aussi beaucoup de cruauté, de gens seuls ou de
disputes improbables. Et c’est ce décalage entre ce style volontairement
naïf et la cruauté des situations qui amènent inévitablement le rire.

L’absurde est au cœur du système Farazmand. Certains pourront passer
totalement à côté de cet humour plus que glacial, mais si l’on accepte de
jouer le jeu, c’est souvent le rire assuré. Il y a quelque chose du dessin
d’humour en une case dans ces strips, comme un gag qui ne se contenterait
pas d’une seule vignette pour faire passer son message mais qui aimerait
prendre son temps, et faire durer le plaisir avant de parvenir à une fausse
chute. Les récits n’en sont pas, les histoires n’ont ni queue ni tête, ni
début, ni fin. Farazmand attrape son gag en cours de route, lui laissant
parfois du mou devant pour ne pas chercher à le prolonger ensuite, et
inversement. Comme une captation aléatoire d’une situation totalement idiote
de quelque façon. Avant, pendant, après, l'aberrant est partout jusqu’à
créer sa propre logique, son singulier univers. C’est dans cette dilution du
temps et ces situations improbables au tempo bancal que le rire parvient à
faire son chemin et que les notes de Farazmand façonnent un style personnel
et unique.

Alexis Laballery
( Mis en ligne le 23/03/2015 )
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