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Bande dessinéeet Humour  

Donjon Antipodes (tome +10000) - Rubéus Khan
de Joann Sfar , Lewis Trondheim et Vince
Delcourt 2020 /  11.95 €- 78.27  ffr. / 48 pages
ISBN : 9782413016861
FORMAT : 22,6x29,8 cm

Donald Duck et Goldorak

10 000 tomes après la chute du Donjon, l’univers de Terra Amata existe toujours bel et bien. On avait quitté ce monde brisé en une multitude d’îlots flottants. Le temps a passé, on ne parle plus des Objets du Destin et encore moins de Hyacinthe, de Grogro ou de la religion draconiste. La révolution industrielle est passée par là : exit la magie, les Tong Deum et autres bestioles bizarres, c’est maintenant l’âge des gros robots, des usines qui polluent, des voitures, des fumées grasses et des boulevards haussmanniens. Certes, la menace de gros monstres sortis du fond du magma est toujours présente mais dans l’ensemble, cette période est urbaine, cafardeuse, avec les ouvriers d’un côté, les gros patrons véreux de l’autre, et quelques bandits au milieu.

Il reste toutefois quelques repères : la lignée des Vaucanson a persisté jusque-là, famille respectée même si pas forcément respectable. Il y a Stanislas le président de l’usine de robots du coin, et son neveu Robert, veilleur de nuit, modeste et courageux papa célibataire. Suite à une magouille de Stanislas qui tourne mal, le jeune canard se retrouve en prison, il devra tout faire pour s’en sortir, prouver son innocence et récupérer son fils.

Il y a dans ce nouvel album les scènes les plus explosives et mouvementées depuis le début de la série : à grand renfort d’onomatopées, de mouvements dynamiques et de cadrages virevoltants, les scènes d’action se multiplient et font de ce premier volet une entrée en matière explosive.

Pour cette nouvelle période, Sfar et Trondheim ont fait appel à Vince: son trait énergique, virevoltant et fluide installe tout de suite une ambiance particulière, qui se démarque des autres ères donjonesques pour s’imposer immédiatement. On apprécie ce goût pour les gros robots, les bagarres et cet assortiment détonnant qui fait se croiser Donald Duck et Goldorak. Cet album un peu fourre-tout mélange ainsi les ambiances et les concepts avec bonheur : il faut accepter, après avoir apprécier les aventures d’Herbert et de Marvin, une histoire qui se passe dans une sorte de grosse ville – mix de Paris et New York – avec des grosses berlines, des Robotlibs (à la places des Vélibs), des policiers sortis d’un film muet, et des jeunes femmes qui donnent du fil à retordre à tous ces messieurs. Le plus fou dans tout ce bazar, c’est que l’ambiance et le ton Donjon sont toujours là.

Ce qu’on aime par-dessus tout avec cette série, c’est cette liberté totale que s’offrent les deux scénaristes. Donjon c’est l’univers de tous les possibles, un gigantesque laboratoire d’expérimentations, pour le scénaristes comme pour les dessinateurs : d’un album à l’autre, on change d’humeur, on multiplie les références, on pioche par-ci par-là, on se fait plaisir. Chacun y trouvera son compte.

Vibrant et drôle, ce nouvel opus est une petite réussite qui donne forcément envie d’en voir encore plus, tout le temps, tout de suite : danger donc, Donjon rend définitivement addict.

Alexis Laballery
( Mis en ligne le 08/09/2020 )
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