L'actualité du livre
Bande dessinéeet Humour  

Salvatore (tome 1)
de Nicolas de Crécy
Dupuis - Expresso 2005 /  9.50 €- 62.23  ffr. / 48 pages
FORMAT : 24 x 32 cm

De l'air !

Si Prosopopus, précédent album de Nicolas de Crécy, était sombre et quelque peu expérimental, le premier tome de Salvatore est gai, lumineux et naturellement évident. On quitte l’urbanisme étouffant pour aller battre la campagne : à la ville tentaculaire et noyée sous la fumée, succèdent le grand air de la montagne et le ciel clair. Entièrement muet, Prosopopus demandait à son lecteur un effort supplémentaire. Ici, l’histoire est limpide et linéaire. Bref, Nicolas de Crécy expérimente à nouveau en faisant de la bande dessinée « classique »  ! Son style graphique même s’en ressent, les hachures se font beaucoup plus rares, le trait tremblotant et si caractéristique est toujours là certes, mais il est nettement plus aéré, soutenu par des teintes pastel du meilleur effet. On reconnaît indéniablement la patte « De Crécy », mais cette fois les griffes sont rentrées.

Dans ce long tome de présentation, Nicolas de Crécy met en place tout un petit monde sympathique et joliment coloré qui gravite autour d’un personnage principal : Salvatore, le chien garagiste. Celui-ci vit reclus tout en haut de la montagne, avec pour grande passion la fondue savoyarde. La mécanique n’a plus de secret pour lui, et l’on vient de partout pour consulter ce docteur ès joint de culasse et tête de delco. C’est aujourd’hui le cas d’Amandine, la truie myope, un bruit dans le moteur, et sur le point de mettre au monde des porcelets, treize à la douzaine. Le garagiste s’avère toutefois être un professionnel quelque peu étrange lorsqu’on le voit chaparder en cachette une pièce du moteur… Salvatore a une idée derrière sa tête de gentil chien, un plan diabolique qui va enfin lui permettre d’atteindre un but si longtemps chéri…

Poésie, tendresse et absurde font bon ménage dans cet album. L’anthropomorphisme fonctionne parfaitement et les situations loufoques se succèdent avec humour et légèreté. On retiendra particulièrement LE moment de bravoure de l’album, la scène déjà culte !, à savoir une longue chute pleine de rebondissements exécutée par Amandine et sa voiture. Douze planches d’anthologie où la virtuosité graphique de de Crécy s’allie à la perfection avec un sens brillant du découpage et de la mise en scène : le résultat est un moment de pur cartoon, du Tex Avery moderne savamment mis en cases. Rien que pour ce passage (un quart de l’album tout de même…) l’album se doit d’être lu !

Plus accessible que par ses précédents travaux, gageons que l’auteur de Monsieur Fruit et Le Bibendum céleste va avec Salvatore conquérir un nouveau public. Et découvrir aujourd’hui un artiste comme de Crécy, c’est un petit bonheur que l’on souhaite à tout le monde.

Alexis Laballery
( Mis en ligne le 15/01/2005 )
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