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Bande dessinéeet Humour  

Supermurgeman (tome 2) - La menace communiste
de Mathieu Sapin
Dargaud - Poisson Pilote 2005 /  9.80 €- 64.19  ffr. / 48 pages
ISBN : 220505709X
FORMAT : 23 x 30 cm

Che is not dead

On avait bien ri au premier tome des stupides aventures de Supermurgeman, et « La menace communiste » nous offre une nouvelle tranche de rigolade. C’est qu’il se passe encore des choses délirantes sur l’île du bedonnant justicier masqué et de sa douce Sheila. Jugez plutôt : sur le Potemkine 2, au large de l’île, des nostalgiques du communisme ambitionnent de ressusciter le Che, avec l’aide d’un sorcier aussi sorcier que vous et moi ; pour préparer le grand soir, deux hommes envoyés en éclaireurs sur l’île tentent de convertir la population à l’idéologie marxiste ; première victime de cette propagande, Sheila quitte le domicile conjugal, émancipée par ses lectures récentes (« Je croyais être heureuse, mais Karl Marx m’a ouvert les yeux ! ») ; seul le petit Nourredine semble se rendre compte de la menace, mais personne ne veut l’écouter. Supermurgeman préfère suivre les séances de coaching de Roberta Lovelove, doutant pourtant qu’un changement de slip lui permette de reconquérir sa dulcinée. Les ambitions des « boclheviks sanguinaires » n’échappent pas non plus aux patrons de la Sofroco Gedec, qui décident de favoriser le coup d’Etat communiste, pour préparer en douce, dans un second temps, la première révolution capitaliste de l’histoire. Mais tout cela se complique encore à cause d’une invention diabolique du Professeur Tannenbaum, et des apparences qui sont parfois trompeuses.

Bref, c’est encore un joyeux bordel et l’on se demande parfois comment fait Mathieu Sapin pour retomber sur ses pieds (enfin, tout est relatif). Les mêmes mécanismes d’humour que dans le premier tome sont ici à l’œuvre : des situations débiles soutenues par des dialogues absurdes et décalés (toujours très présents et soignés), le tout étant illustré par un trait naïf. De plus en plus naïf et minimaliste d’ailleurs : Sapin va parfois lorgner du côté de José Parrondo (voir notamment la page 13, avec l’entrée en scène du Professeur Tannenbaum). Ce style d’humour peut ne pas plaire. On n’est pas que dans une parodie façon Rock Mastard ; l’absurde est poussé à son comble, avec en conséquence une prise de risque maximale qui laissera peut-être certains lecteurs sur la touche. Mais en ce qui nous concerne, ce fut loin d’être le cas !

Anne Bleuzen
( Mis en ligne le 02/07/2005 )
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