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Bande dessinéeet Humour  

La Vengeance du golem africain
de Jean-Pierre Duffour
Editions de l'An 2 - ChromoZone 2005 /  16 €- 104.8  ffr. / 56 pages
ISBN : 2-84856-040-1
FORMAT : 21 x 28 cm

Un album qui annonce la couleur

Quelques heures avant le Déluge, Noé compose son arche : un couple représentant chaque espèce animale est autorisé à embarqué. Les choses traînent et c’est le Dévoreur d’ombres, chef absolu de l’armée des Forces Obscures, qui prend le contrôle des opérations. En retard, et de plus seul, le pauvre Golem africain se heurte au refus du Dévoreur de rejoindre l’Arche, et le voilà prisonnier des éléments qui se déchaînent. Un millier d’années plus tard, la créature d’argile se réveille, intacte et un désir de vengeance qui grandit dans son cœur de pierre; le golem est bien décidé à retrouver le Dévoreur d’ombres et à lui régler son compte une fois pour toutes, quitte à poursuivre son ennemi jusqu’au bout (qui s’avérera être aussi le bord) du monde. S’ensuit une course-poursuite mouvementée où vulgaires pirates et pirates vulgaires, chat noir qui parle, sirène amoureuse et autre militaire obsédé par le karma seront de la partie.

On l’aura compris, La Vengeance du golem africain est une joyeuse farce, un récit d’aventures au pays des légendes anciennes, des récits sacrés, de la magie noire et du n’importe quoi. Adoptant une narration proche de celle du feuilleton, Jean-Pierre Duffour (Les 7 Vies du dévoreur d’ombres) déroule son conte moderne avec fantaisie et bonne humeur. L’absurde, le décalage et l’humour potache y font bon ménage, réservant de savoureux moments. L’auteur nous emporte ainsi dans une folle épopée dont on ne peut rien présager tellement les virages imprévus et les déviations (poétiques ou drôles selon les cas) se succèdent à grande allure.

Tout naturellement, le graphisme de Jean-Pierre Duffour suit cette même orientation ; son trait faussement naïf se déchaîne tout au long de l’album. Jouant de la simplification et de la transformation des formes, c’est la géométrie et autres symboles en tout genre (étoiles, flèches, tourbillons…) qui façonnent ainsi le décor de l’aventure. Les vagues deviennent serpent, les fausses perspectives faussent les perceptions et déséquilibrent les êtres ; rien n’est sûr, d’une vignette à l’autre le lieu se métamorphose, comme un rêve en constante évolution. On pense parfois à Trondheim (avec qui Duffour avait réalisé son premier album, Gare centrale, en 1994), ou même le David B. des Chercheurs de trésor. Et puis il y a cette palette de couleurs éclatante et explosive. Associés à une irréprochable impression, ces aplats lumineux donnent à l’album une identité très forte, entre dessin animé psychédélique et livres d’images destinés aux plus jeunes. Notons d’ailleurs à ce sujet que La Vengeance du golem africain ouvre la toute nouvelle collection « ChromoZone » des Éditions de l’An 2, destinée à accueillir des albums en couleurs. Avec ce premier album, voilà une collection qui s’annonce déjà fort riche !

Alexis Laballery
( Mis en ligne le 09/07/2005 )
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