L'actualité du livre
Bande dessinéeet Humour  

Comme tout le monde (tome 1)
de Denis Lapière et Pierre-Paul Renders
Dupuis - Expresso 2006 /  9.80 €- 64.19  ffr. / 48 pages
ISBN : 2-8001-3792-4
FORMAT : 24 x 32 cm

Vox populi solo

Jalil est une vedette ou presque. Pourtant, il n’a rien d’exceptionnel, il pense juste comme la majorité des gens. Ses goûts vestimentaires, culinaires ou encore cinématographiques sont ceux du plus grand nombre. C’est cette aptitude étonnante qui a fait de lui aujourd’hui le champion incontesté du jeu télévisé « Comme tout le monde » qui s’appuie sur les résultats de sondages divers.
En coulisses, quelques hauts dirigeants de la Somadi repèrent ce drôle de phénomène : pensez-vous ! Jalil est un panel à lui tout seul ! Le cobaye idéal pour toutes les études de marketing et autres réunions de consommateurs. La Somadi dépêche alors en mission secrète la jolie Claire pour séduire le surdoué malgré lui et pénétrer sa vie de tous les jours afin de pratiquer des tests grandeur nature: dentifrice, jus de fruits exotiques, robe courte ou décolleté plongeant… c’est sur toute une gamme de nouveaux produits que Jalil, sans le savoir, va s’exprimer et donner sa vox populi absolue qui fera les prochaines tendances. Mais jusqu’où Claire pourra-t-elle jouer le rôle de la gentille fiancée sans tomber le masque et laisser ses sentiments de côté ? Et le dindon de la farce commerciale pourrait-il, au bout du compte, rester le seul vainqueur de ce jeu de dupes ?

Comme tout le monde c’est d’abord le scénario d’un film écrit par Denis Lapière et Pierre-Paul Renders, et sorti sur les écrans l’été dernier. Pour l’adaptation en bande dessinée, les deux auteurs ont fait appel au dessin plein de charme de Rudy Spiessert. L’exercice de la mise en cases d’un film est plutôt rare dans le monde de la bande dessinée franco-belge pour être signalé. N’ayant pas vu le film, nous ne pouvons nous prêter au jeu de la comparaison. Reste un album plein de qualités mais qui, pour le moment, ne prend jamais réellement son envol. La faute sans doute à un scénario dense qui a du mal à tenir au sein d’un découpage trop serré: les personnages semblent quelque peu à l’étroit et personne n’acquiert vraiment d’épaisseur. Et à force de survoler ou de suggérer, on passe trop rapidement sur certains éléments importants pour être pleinement appréciés. Plus ennuyeux, la bluette sentimentale sur fond de critique de la société de consommation ne prend jamais complètement, la fable hésite, et le résultat n’est ni acerbe ni émouvant, tout juste plaisant.

On retiendra une très bonne idée de départ, en espérant que la suite puisse lui apporter un peu plus d’ampleur et de virulence, d’autant que les dessins de Rudy Spiessert restent toujours agréables à regarder, donnant à chaque élément du quotidien une élégance discrète et raffinée.

Alexis Laballery
( Mis en ligne le 30/09/2006 )
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