Bande dessinée
Humour de Simone Lia
Editions de l'An 2 - Traits féminins 2006 / 16.50 €- 108.08 ffr. / 100 pages
ISBN : 2-84856-069-X
FORMAT : 19,5x18 cm
À l'italienne
Suite (et fin ?) des aventures de Michael Pulcino et de son petit lapin qui parle, Fluffy. Partis de Londres dans le premier épisode, on retrouve la drôle de paire en Sicile, chez les parents de Michael. Là-bas, les vacances sont émaillées de quelques péripéties, entre un beau-frère qui disparaît et une ancienne petite amie quelque peu collante (« Elle m’a l’air d’être le genre de dingue qui fait bouillir les lapins. », commente placidement la sœur de Michael), et une mère obsédée par la religion. Pour le jeune homme, ce séjour au soleil est aussi l’occasion de faire le point sur sa vie, de poser à plat ses problèmes avec les femmes et d’apaiser les relations avec sa famille. Et au milieu de cette dolce vita chancelante, il y a Fluffy, l’adorable petit lapin qui se prend pour un petit garçon, qui adore les tracteurs, les glaces et les biftecks, et par-dessus tout Michael, qu’il prend pour son père.
Si le premier tome de cette jolie série donnait l’impression d’une suite de moments captés au hasard du quotidien sans vraiment chercher à développer une intrigue, Fluffy en Sicile est un prolongement à la progression plus construite et qui, en suivant Michael et ses proches, dresse ainsi le portrait plein de sensibilité et d’humour de personnages fragiles en quête d’un bonheur qui semble toujours fuyant.
Racontée avec une constante légèreté (le narrateur principal est d’ailleurs un minuscule grain de poussière, voletant dans l’air et observant tout), et lorgnant du côté de la littérature enfantine, Fluffy en Sicile ne touche pas moins à quelques émotions douloureuses et questionne les chemins de vie que l’on est amené à prendre, et les décisions importantes qui s’avèrent parfois décisives. Ce décalage entre le grave et la nonchalance est tout à l’image des dessins de Simone Lia, dont l’apparente simplicité dévoile quantité de jolis détails et restent toujours d’une fine précision lorsqu’il s’agit de saisir une expression, un silence ou une émotion. Avec humour et originalité, le livre se déconstruit lui-même (« Il y avait trop de texte. J’ai horreur des BD avec trop de texte. », commente un insolite participant…), sans toutefois perdre de sa touchante sincérité. Et avec ses petites moues mignonnes, ses répliques naïves et ses gestes maladroits, Fluffy reste notamment un personnage particulièrement attachant et qu’on adore suivre au fil des pages.
Une série à part, libre de toutes contraintes narratives et formelles, et qui s’amuse, l’air de rien, à titiller quelques points sensibles.
Alexis Laballery
( Mis en ligne le 10/10/2006 )
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