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Bande dessinéeet Humour  

Victor Lalouz (tome 2) - L'idole des jeunes
de Diego Aranega
Dargaud - Poisson Pilote 2007 /  9.80 €- 64.19  ffr. / 48 pages
ISBN : 978-2205059199
FORMAT : 22x29,5 cm

The name is Lalouz… Victor Lalouz

Rarement, un héros de bandes dessinées aura porté un nom aussi justifié. Victor Lalouz a tout pour devenir une star tourmentée : un physique de cinéma (Woody Allen – dans ses premiers films – mâtiné de E.T.), une ambition dévorante (perdre sa virginité, se débarrasser de son pucelage, découvrir le sexe opposé, toucher du doigt une femme, avoir une relation sexuelle… autant d’expression pour un seul but), une carrière météorique (animateur à Smack FM, son talk show fait un malheur, bien malgré lui) et une confiance en soi inébranlable (et là, ça tient du miracle)… Si avec cela, le public n’est pas conquis ! Et puis il ne faudrait pas oublier les multiples contingences qui viennent troubler une existence déjà compliquée : une mère castratrice modèle (mais ça, quand on habite chez sa maman….), un psy un peu trop décourageant (faut dire que le cas Lalouz est limite désespéré), des collègues dubitatifs (phrase type « il le fait exprès ou il est vraiment idiot ? »), des collèguEs peu complaisantes (et ce n’est pas faute d’essayer, par mail, texto, post-it et divers intermédiaires), un patron qui parle marketing (niveau licence)… Bref, la vie est un combat de tous les instants quand on est petit, chauve, plutôt moche, plutôt niais et relativement convaincu du contraire. De plans drague foireux en séances de psy débilitantes, Victor Lalouz entraîne ses lecteurs dans les méandres d’une vie pas si morne que ça, dédiée au plaisir et à son inaccessibilité.

Avec ce deuxième tome des aventures de Victor Lalouz, Diego Aranega confirme un talent d’humoriste et de cartoonist (chaque page est divisée en deux histoires courtes et amusantes) qui exploite à fond les ridicules et les candeurs de son personnage, mélange improbable d’ado débile et de macho attardé. Du look au parler « djeuns », Diego Aranega force (à peine) le trait pour caricaturer un certain style de radio pour la jeunesse, alternant cynisme et naïveté, et une certaine génération, désenchantée et obnubilée par le paraître. De nouveaux personnages interviennent : l’agent immobilier, la standardiste (déjà prise, hélas), le père absent (traumatisme familial à suivre : on sent une arrivée spectaculaire au prochain album). Graphiquement, le style est défini : avec leurs grosses têtes caricaturales posées sur des corps malingres, les personnages de la série relèvent clairement du genre humoristique. L’écriture même (genre ado limite analphabète) donne au récit un style un peu décalé. L’humour est un peu cul, louchant du côté de Bigard et d’American Pie, version quiproquo et incompréhension, plutôt que vers Les souffrances du jeune Werther. De fait le personnage de Victor Lalouz a un côté pitoyable : on rigole beaucoup, on ne s’identifie pas, c’est encore meilleur… pas de pitié pour Lalouz ! Que du bonheur !

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 06/02/2007 )
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