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Bande dessinéeet Humour  

Achille Talon (tome 47) - Achille Talon crève l'écran
de Pierre Veys et Moski
Dargaud 2007 /  8.70 €- 56.99  ffr. / 47 pages
ISBN : 978-2205060362
FORMAT : 23x30 cm

Acharnement thérapeutique

Disons-le tout net : Achille Talon n'aurait jamais dû survivre à Greg. Car Achille Talon, c'est Greg. Comme Tintin ou Gaston, Talon est, et restera, une créature intimement liée à son créateur, et à son époque ; l'idée d'une reprise est absurde en soi. Pourtant, Greg lui-même, de son vivant, avait vendu les droits du personnage à l'éditeur. La logique commerciale étant ce qu'elle est, « Chichille » était dès lors condamné à survivre.
Trois albums dessinés par Roger Widenlocher (Nab) ont paru entre 1998 et 2004. Graphiquement convaincants, ils sont cependant constitués de « gags » qu'on qualifiera pudiquement de médiocres. Les scénaristes successifs (Christian Godard, puis Brett, puis Herlé) y font preuve d'un manque d'inspiration et de finesse effarant. Greg est certes irremplaçable, mais était-il vraiment nécessaire de mettre autant de zèle à le démontrer ?

Avec ce quarante-septième tome, Achille Talon crève l'écran, c'est une nouvelle équipe qui prend en charge la destinée du petit bourgeois à gros nez. Widenlocher laisse la place à un relatif inconnu, Moski (Moustic chez Dargaud), couplé avec le populaire scénariste Pierre Veys (Baker Street). Celui-ci imagine la création de Télé Polite, dérivée du magazine du même nom. Talon et sa clique habituelle se voient donc reconvertis en vedettes du petit écran.

Comme l'indique ce pitch peu enthousiasmant, l'orientation de la série reste identique malgré le changement d'auteurs : il s'agit de moderniser l'univers désuet de Talon, tout en jouant sur la nostalgie des années Pilote. Le résultat est toujours aussi factice et déplaisant. Veys se contente d'aligner des gags affligeants, dont certains lui donnent l'occasion de revenir à son registre préféré, la parodie facile. On retiendra peut-être un ou deux dialogues amusants, mais l'ensemble est à mille lieux de la finesse et de la verve de Greg (au point que la comparaison semble presque déplacée). Cette fois, la partie graphique ne vient même pas remontrer le niveau, Moski n'ayant pas le professionnalisme ni l'efficacité de son prédécesseur.

Plutôt que de s'abaisser à lire les nouveautés d'une série qui ne cesse de s'enfoncer dans la médiocrité, on préférera rouvrir les albums de Greg, dont l'intégrale est actuellement rééditée (le premier tome est paru simultanément au nouvel album).

Michaël Bareyt
( Mis en ligne le 08/08/2007 )
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