L'actualité du livre
Bande dessinéeet Humour  

Dans mon Open Space (tome 1) - Business Circus
de James
Dargaud - Poisson Pilote 2008 /  10.40 €- 68.12  ffr. / 48 pages
ISBN : 9782205059632
FORMAT : 22,5x30 cm

La routine

La couverture de l’album aguiche l’œil : un gros personnage, l’une de ces figures humano-animales habituées des planches de bandes dessinées, seul au milieu d’un lieu de travail étrangement déserté. Lui porte, sur sa truffe, un nez rouge : la fête bat son plein ailleurs, à la cafétéria sans doute, pour le pot de départ de René ou l’anniversaire d’Huguette. Le cadre pas très dynamique est loin de la surboum, et contemple d’un air mi-désabusé mi-distant un lieu devenu deuxième maison, un open space fermé, fait de cloisons et de petits plateaux, d’ordinateurs tristes et de téléphones gris. Chacun dans sa case, bien rangé dans son box, et lui contemplant les écuries vidées, sentant là comme l’absurdité de la grande course.

L’affiche est belle donc, et l’on s’attendrait presque à quelque chose comme du Houellebecq en bulles… mais la suite nous fait déchanter quelque peu. Car si l’ensemble n’est pas désagréable, il n’est pas original non plus, et de cette première mise en bouche intrigante ne reste finalement pas grand-chose.
Il s’agit là d’une suite de gags en une planche, situés dans une grande entreprise de sous-vêtements féminins. L’arrivée d’un nouveau stagiaire dans la boîte est l’occasion pour le lecteur d’une visite guidée d’un service à l’autre, du service marketing à la compta en passant par le bureau du patron et les toilettes. Machine à cafés, DRH, récup, CDI, ordis en réseau, conditions de travail et autres jolie assistante de direction : les ingrédients sont connus, et de Dilbert à Caméra Café, le terrain a déjà été bien balisé, et le comique d’entreprise n’a plus de secret pour personne. Les personnages restent stéréotypés, bloqués dans leur rôle (leur grade), et dans des attitudes communes : le patron sévère, le stagiaire timide, le beauf’ macho, le technicien, le vieux… Certes, la jolie faune dessinée par James (une patte géniale, un peu plus timide sur les décors toutefois…) s’adapte bien à cette jungle urbaine, mais le safari tourne un peu court.

Quant au regard distant plein de promesses capturé en couverture, il n’est finalement que le résidu d’une totale et complète adaptation à son milieu: le personnage de James reste mouillé jusqu’au cou dans cette histoire et n’a rien d’autre à offrir que sa maîtrise du lieu pour mieux s’y fondre. On préférait le James accompagné de la Tête X (un blog et un album à ce jour), binôme singulièrement plus cynique et mordant.

La révolution au prochain numéro ?

Alexis Laballery
( Mis en ligne le 02/06/2008 )
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