L'actualité du livre
Bande dessinéeet Humour  

Les Tuniques Bleues (tome 52) - Des bleus dans le brouillard
de Raoul Cauvin et Lambil
Dupuis 2008 /  9.20 €- 60.26  ffr. / 48 pages
ISBN : 978-2-8001-4032-2
FORMAT : 21x30 cm

Un paysage brumeux avec de belles éclaircies

C'est désormais une tradition bien ancrée : chaque année, pour la rentrée des classes, les Tuniques Bleues reviennent à l'assaut des librairies avec un nouvel épisode de leurs aventures. Jamais fatigués, jamais lassés, Willy Lambil et Raoul Cauvin continuent d'aligner machinalement les albums : à 70 ans chacun, ces deux vieux messieurs n'ont décidément pas fini de jouer aux petits soldats. Quant au public, il n'a pas encore déserté : d'accord, on sait bien que les meilleures années sont dernières nous et que les Tuniques ont depuis longtemps perdu leur éclat ; d'accord, on s'est franchement ennuyé à la lecture de certains épisodes récents ; mais rien à faire, on y revient toujours. Le prestige de l'uniforme, à moins que ce ne soit l'indulgence nostalgique qu'on accorde aux deux zouaves qui le portent, continue d'opérer.

« Des bleus dans le brouillard », 52ème aventure du caporal Blutch et du sergent Chesterfield, repose sur une intrigue tellement simpliste que son seul titre suffit à la résumer. Comme c'est souvent le cas (on pense par exemple à « Bull Run »), Cauvin exploite ici une anecdote réelle de la guerre de sécession : la bataille de Chattanooga, au cours de laquelle un régiment nordiste a mené l'assaut contre une montagne occupée par les confédérés, par un brouillard à couper au couteau.
L'argument est mince, donc, aussi mince que le brouillard du titre est épais, mais c'est un prétexte parfait pour enchaîner toutes sortes de gags et de situations cocasses. Cauvin exploite l'idée avec malice mais sans trop se fatiguer. Le principal running-gag de l'album tourne autour du personnage (historique) de Hooker, général caractériel que les auteurs représentent piétinant son chapeau à chaque contrariété : crétin, certes, mais amusant. L'album est pimenté par d'autres gags réussis (la scène du transport des boulets de canon) grâce auxquels il se révèle plus drôle que les quelques précédents.
Au dessin, pas de surprise : Lambil continue d'assurer. Si son trait n'a plus tout à fait la vigueur d'antan, le dessinateur fait tout de même preuve d'une endurance remarquable. Après 35 ans passés à dessiner les mêmes personnages et les mêmes décors, beaucoup n'auraient pas su conserver une telle exigence et une telle richesse graphique. Chapeau ! À la couleur, on chipotera seulement sur les effets figurant le brouillard, lesquels manquent parfois d'élégance et d'efficacité.

L'un dans l'autre, bien que l'on soit toujours loin de la qualité de la grande époque, il s'agit sans doute du meilleur Tuniques Bleues depuis le sympathique « Les Nancy Hart ». Même la simplicité du scénario joue en sa faveur, puisqu'elle renforce l'impression de divertissement léger et sans prétention qui se dégage de l'ensemble. Allez les gars, c'est d'accord, on se donne rendez-vous pour la prochaine charge.

Michaël Bareyt
( Mis en ligne le 15/09/2008 )
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