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Bande dessinéeet Jeunesse  

Seuls (n° 5) - Au cœur du Maelström
de Fabien Vehlmann et Bruno Gazzotti
Dupuis 2010 /  9.95 €- 65.17  ffr. / 48 pages
ISBN : 978-2-8001-4693-5
FORMAT : 22x30 cm

Season finale

D'emblée, le ton est donné. La couverture envahie par le noir (là où les précédentes étaient dominées par le blanc) et le titre angoissant à souhait (« Au cœur du Maelström », tout un programme !) sonnent comme autant d'avertissements : prenez gardes, jeunes lecteurs, car vos nerfs ne seront pas épargnés. L'épisode précédent, on s'en souvient, s'était déjà achevé sur une note tragique et inattendue, comme un avant-goût d'apocalypse : le décès brutal de l'un des 5 personnages principaux.
C'est pourtant sur l'atmosphère paisible d'une école en pleine activité que s'ouvre ce nouvel épisode. La vie de la communauté suit son cours, comme pour démontrer que les enfants, lorsqu'ils sont responsabilisés, n'ont pas besoin d'adultes pour s'organiser. Mais, dès la troisième page, on bascule dans l'horreur : la petite bande découvre le cadavre – encore chaud et dévoré par les charognards – de l'ami disparu. Comment réagir face à la menace invisible qui pèse, plus lourde que jamais, sur la communauté ? Fuir Fortville ? Ou, au contraire, faire face au danger ? Et donc pénétrer dans la mystérieuse « zone rouge » et affronter l'horrible vérité...

Dès le début de la série, il y a bientôt 5 ans, les auteurs l'avaient promis. Le cinquième épisode devait clore le cycle en répondant à LA question centrale : pourquoi les adultes ont-ils disparu ? Promesse tenue, puisque l'épilogue de cet album apporte une réponse claire, nette et précise à nos interrogations. Réponse qui cependant, comme le veut la loi du feuilleton, apporte son lot de nouvelles questions...
Peu originale en soi, la fameuse Révélation décevra sans doute une partie des lecteurs ; et notamment les plus âgés, blasés à force de fréquenter le genre au cinéma et à la télévision. Peu importe : ce n'est pas dans l'intrigue elle-même que réside l'originalité ni l'intérêt de Seuls. Si cette série occupe une place à part dans le paysage éditorial, c'est qu'elle synthétise avec succès deux mondes : celui du fantastique pour adultes, où elle puise ses références (on peut citer Je suis une Légende de Matheson et ses adaptations cinématographiques, Le Fléau de Sephen King, ou encore la série Lost...), et celui de la bande dessinée jeunesse, auquel elle appartient pleinement. Le lecteur-type de Seuls, c'est un enfant de 12 ans. Le talent des auteurs est de savoir s'adresser à lui sans édulcorer leur discours ; et, plus important encore, sans le simplifier. Depuis le premier tome, Velhmann n'a jamais perdu de vue qu'une bonne intrigue n'est rien sans les personnages : cette fois encore, le scénariste équilibre avec aisance action et émotion, suspense et humour. Ces différents registres, le dessinateur Bruno Gazzotti les maîtrise lui aussi parfaitement. Son graphisme accessible et d'une grande efficacité est décidément pour beaucoup dans la réussite de la série.
Au terme de ce premier cycle, une conclusion s'impose : Seuls est bel bien l'une des bandes dessinées jeunesse les plus intéressantes du moment.

Michaël Bareyt
( Mis en ligne le 28/06/2010 )
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