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Bande dessinéeet Jeunesse  

L’Embranchement de Mugby
de Rodolphe et Estelle Meyrand
Delcourt - jeunesse 2010 /  10.50 €- 68.78  ffr. / 48 pages
ISBN : 978-2-7560-1858-4
FORMAT : 22,6x29,8 cm

D’après le conte de Noël de Charles Dickens

Douce nuit

Après s’être attaqué avec succès au célèbre A Christmas Carol, la paire Rodolphe & Meyrand récidive en s’attaquant à un autre conte de Noël de Charles Dickens, moins connu, L’Embranchement de Mugby datant de 1866. L’histoire est celle d’un homme qui vient de se faire plaquer et de tout plaquer. Sa femme est partie avec son meilleur ami, et lui, après avoir travaillé dur pour arriver au sommet de son entreprise, décide de mettre la clé sous la porte et de passer à autre chose. Mais quoi ? Que faire ? Où trouver sa place ? Pour l’aider dans sa recherche d’une nouvelle vie, l’homme se rend à Mugby, cette gare au milieu de rien mais pas loin de tout avec ses multiples embranchements qui mènent vers des directions radicalement opposées et des choix de vies contraires. C’est de Mugby que l’homme va pouvoir – et va devoir – distinguer son destin. Quel sera sa décision et vers où partira-t-il ? En cette veille de Noël, tout peut arriver, et les petits miracles ne sont pas loin.
Mugby apparaît un peu comme un lieu fantôme, une ville sortie de nulle part, au milieu d’une tempête de neige, et habitée par de drôles de gens. C’est un lieu de passage où tout d’un coup tout semble possible. Et au-delà, c’est un endroit où l’on réapprend à vivre avec les autres.

Avec chaleur et talent, Rodolphe et Estelle Meyrand réalisent un petit bonheur de lecture pour la jeunesse. La trame de Dickens, formidable et universelle, est habilement adaptée par Rodolphe qui a su remanier l’ensemble, coupant là où c’était nécessaire pour donner du rythme et une fluidité naturelle à sa bande dessinée, et n’hésitant pas à transposer librement certains éléments. L’ensemble se fond dès lors relativement bien dans la forme d’une bande dessinée et toute l’aventure existentielle du voyageur se suit avec intérêt.

Quant au travail d’Estelle Meyrand, il est conforme à ce que l’on attend d’une imagerie de Noël : couleurs feutrées, paysages enneigés transpercés par quelques faibles ronds de lumières, fumées des cheminées, gros flocons… Le graphisme de la dessinatrice est moelleux et délicieux, ses couleurs éclatent sans agression et sa technique « artisanale » apporte à l’ensemble une douceur et un grain appréciables. On aime à se poser doucement sur se pages, à laisser glisser notre regard d’une case à l’autre, appréciant au passage l’ambiance d’une vignette, et l’atmosphère – tellement féerique! – qui se dégage de l’ensemble.

A lire en cette période hivernale qui va commencer, ou plus tard, pour se replonger avec délice et comme un enfant dans l’esprit, forcément magique, de Noël.

Alexis Laballery
( Mis en ligne le 23/11/2010 )
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