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Bande dessinéeet Jeunesse  

L’épouvantable peur d’Epiphanie Frayeur (tome 2) - Le Temps perdu
de Séverine Gauthier et Clément Lefèvre
Soleil - Métamorphose 2020 /  18.95 €- 124.12  ffr. / 80 pages
ISBN : 97823020897304
FORMAT : 21x29 cm

L'ombre d'une jeune fille en fleurs

Dans le premier tome de ce qui a tout l’air de devenir une série, on faisait la connaissance de la petite Epiphanie, 8 ans et demi, que tout effrayait. Elle avait peur de son ombre et son ombre était d’ailleurs sa peur, collée à ses talons, indéboulonnable. Dans le monde fantastique – l’imagination ? - d’Epiphanie, on suivait le parcours de la fillette qui faisait tout pour se débarrasser de cette terreur, représentée comme un gros monstre noir au regard fixe et au mutisme inquiétant. Elle rencontrait au fil de péripéties oniriques un homme flottant dans les airs, un docteur perché, ou encore la petite troupe d’un cirque ambulant haut en couleurs. Au terme de ce périple, Epiphanie parvenait enfin à dompter sa peur et à en faire un compagnon mignon qui la suivrait lors de prochaines aventures…

On le sait, l’enfance peut être une période difficile, pleine de doutes, d’appréhension, et d’inquiétudes. Au début de ce deuxième tome, on retrouve Epiphanie qui fête son neuvième anniversaire avec ses parents. Sa peur a disparu, mais la petite fille promène toujours un léger mal être, à savoir une solitude pesante. Sa peur l’a rongée pendant de trop nombreuses années et la voilà qui se demande comment faire pour rattraper le temps perdu, retrouver le bonheur insouciant qui devrait être ancré dans chaque enfant.
Epiphanie repart alors au pays des merveilles étranges et farfelues. Le but cette fois, retrouver son enfance, et peut-être des amis… Elle croisera le chemin de têtes connues, et son aventure l’emmènera de sous-terre à la Lune en passant par un parc d’attractions abandonné et une fête d’anniversaire digne d’un chapelier.

Comme dans le premier album, on retrouve le texte de Séverine Gauthier qui aime jouer avec les mots et leur sens; on pense à Lewis Caroll bien sûr mais aussi – et pourquoi pas ? – Raymond Devos ou Marc-Antoine Mathieu. Ainsi, si l’album semble destiné en priorité aux plus jeunes, les adultes passeront un agréable moment à la lecture de ces aventures aux riches sous-textes.

Quant au dessin de Clément Lefèvre, il est toujours aussi enchanteur : s’il y a du numérique dans son travail, le résultat n’est jamais froid et ne ressemble à aucun autre. Il y a une envie de retrouver l’esprit d’une technique traditionnelle, avec ses textures, ses veloutés, ses flous, son grain. Les aventures d’Epiphanie se déploient ainsi dans un environnement riche et éblouissant, rempli de créatures étranges et pittoresques. On adore aussi ces couleurs lumineuses et ces teintes finement travaillées.

L’album donne le goût du fantastique, des littératures imaginaires et de l’évasion féérique. Une belle réussite par deux auteurs qui se sont bien trouvés. Une série profondément attachante.

Alexis Laballery
( Mis en ligne le 20/10/2020 )
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