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Bande dessinéeet Jeunesse  

Le Magicien d'Oz (tome 1)
de David Chauvel et Enrique Fernández
Delcourt - jeunesse 2005 /  8.90 €- 58.3  ffr. / 32 pages
ISBN : 2-84789-663-5
FORMAT : 23 x 30 cm

D'après le roman de L. Franck Baum.

Retour sur la Yellow Brick Road

Avec à son actif deux séries originales et remarquées destinées à la jeunesse (Octave et Popotka le petit Sioux), le scénariste David Chauvel (Ring Circus) choisit aujourd’hui de s’attaquer à l’un des ouvrages phares de la littérature enfantine. En ouvrant cet album, le lecteur est en terrain connu ; la route de briques jaunes étant de ces lieux imaginaires et éternels que l’on aimerait arpenter de concert avec les héros…

On connaît l’histoire par cœur : après un terrible cyclone qui balaye la morne plaine du Kansas, la petite Dorothée se retrouve au féerique pays d’Oz. La fillette et son chien Toto prendront la route pour rejoindre la Cité d’Émeraude. C’est là-bas que vit le grand Magicien d’Oz, seul capable de renvoyer Dorothée vers son foyer. Sur la route, Dorothée sera accompagnée par trois camarades étonnants et attachants : l’épouvantail en quête d’un cerveau, l’homme de fer-blanc à la recherche d’un cœur, et le gros lion pleutre qui voudrait sa dose de courage une fois pour toutes.

L’idée la plus répandue veut que le roman de Baum raconte le passage de l’enfance à l’âge adulte à travers le prisme du rêve et de l’imagination. Histoire initiatique pleine de fantaisie, on s’étonne dès lors de ne pas avoir d’autres adaptations en bande dessinée sous la main. C’est que depuis 1939 et le film de Victor Fleming, la jeune Dorothée/Dorothy a les traits et les couettes de Judy Garland. Et ni la version dite Motown (avec Diana Ross et Michael Jackson) ni le manga de 1986 n’ont pu changer quelque chose à cette certitude. Et finalement, face à ce chef-d’œuvre venu de Hollywood, les adaptations du roman de Baum se sont faites de plus en plus rares.

Logiquement, le premier grand mérite de cette nouvelle version en bande dessinée est donc de faire oublier dès les premières planches le film de Fleming et son joyeux technicolor. Ici, Dorothée retrouve les traits d’une petite fille, un peu garçonne d’ailleurs, et chaque personnage ou décor, si familier dans le texte et l’inconscient collectif, prend une nouvelle dimension sous les crayons du jeune illustrateur Enrique Fernández. Graphiquement, Fernández élabore un univers tout en couleurs et rondeurs. Les traits de contours s’effacent le plus souvent pour laisser apparaître d’élégants ombrages et jolis effets de matière. Le rendu final est assez étonnant, quelque part entre le numérique et le travail artisanal. L’album baigne dans une belle et douce lumière, colorée mais pas trop. On pense à du Disney et à ces jolis décors de boîtes à bonbons, revus et corrigés par un graphiste qui aurait tâté du jeu vidéo. On pourra juste reprocher à ces belles planches un découpage quelque peu étriqué et alambiqué d’autant plus regrettable que l’album s’adresse avant tout à un jeune public, peu touché par ce genre de complications inutiles.

Hormis ce petit point négatif, ce premier volume du Magicien d’Oz s’inscrit d’ores et déjà parmi les plus belles réussites de la collection Jeunesse de chez Delcourt.

Alexis Laballery
( Mis en ligne le 22/01/2005 )
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