Jeunesse
A partir de 10 ans de Timothée de Fombelle
Gallimard Jeunesse 2007 / 16 €- 104.8 ffr. / 343 pages
ISBN : 978-2-07-057893-1
FORMAT : 15,5cm x 24,0cm
Une demoiselle qui était la vie…
L’an dernier, on découvrait avec un vif plaisir le héros de Timothée de Fombelle : Tobie Lolness. Cette fiction écologique et tendre avait d’emblée entraîné l’adhésion. De nombreux prix avaient couronné une oeuvre originale. Les lecteurs impatients attendaient la suite promise : Les Yeux d’Elisha. Qu’allaient devenir nos héros que nous avions abandonnés dans la difficulté : Tobie réfugié au pays des herbes, ses parents Sim et Maïa prisonniers de l’infâme Jo Mitch, la famille Asseldor dans sa maison envahie par les soldats, Léo Blue régnant sur l’arbre, et qui garde prisonnière dans le nid des cimes la belle et indomptable Elisha… Les Pelés, fier peuple de l’herbe, capturés, sont réduits en esclavage dans le cratère au coeur de l’arbre, qui ne cesse de se creuser. Seul, le peuple des bûcherons des forêts de mousse, reste libre sous la direction de Nils Amen ; une liberté fragile. La nuit et la mort vont-elles gagner ? L’hiver est là, apportant la neige, le froid, la détresse. Pourtant Tobie ni ses amis n’abandonnent.
Les Yeux d’Elisha est l’histoire d’une reconquête : celle de la liberté, grâce à l’amitié et à la solidarité. L’arbre de tous les dangers va progressivement recommencer à vivre tandis que les saisons se succèdent et que les promesses du printemps remplacent la dureté de l’hiver.
A nouveau la couverture du livre nous ouvre toute la richesse du texte : en relief, le nom de Tobie Lolness écrit en feuilles de chêne rousses sous la neige, les branches de l’arbre, blanches du givre d’hiver, et Elisha qui s’enfuit cheveux au vent, manteau chaud sur sa robe couleur printemps… «Par les branches indécises allait une demoiselle qui était la vie», annonce en exergue la citation de Federico Garcia Lorca. Les illustrations de François Place, aquarellées en noir et blanc, sont toujours aussi belles et précises pour dire la tendresse ou la peur, l’espoir qui se maintient.
Timothée de Fombelle sait tenir le lecteur en haleine, renouveler assez largement les attentes du premier volume, ouvrir de nouveaux horizons. Passé et présent se mêlent dans un récit habilement construit ; nous retrouvons les origines de chacun des héros, les mystères s’estompent, les destins se croisent et s’affirment. Les dialogues sont bien construits, l’intrigue, maintenue avec un grand art du récit.
Filles et garçons à partir de dix ans se plongeront avec bonheur dans la vie du peuple de l’arbre, et de ses héros minuscules (2 millimètres !). Une lecture à vivement recommander et à faire découvrir au plus grand nombre…
Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 20/06/2007 )
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