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Henri va à Paris
de Saul Bass et Leonore Klein
Hélium 2012 /  18 €- 117.9  ffr. / 44 pages
ISBN : 978-2330-012793
FORMAT : 21,6 cm×28,7 cm

Voyage sur place

C'est une belle surprise que nous réservent une nouvelle fois les éditions Hélium avec cet ouvrage traduit pour la première fois en français, unique livre, du grand illustrateur américain Saul Bass, écrit par Leonore Klein, et publié en 1962. A cette époque, Saul Bass est déjà réputé pour ses affiches de films et surtout ses fameux génériques. Il travaillera toute sa vie à donner aux films des plus grands (Hitchcock, Kubrick, Scorsese, Preminger, Wilder…) une ouverture dont on se souvient et qui change inévitablement de la bête énumération.

Dans cet album très réussi qui n'a pas pris une ride, on suit l'histoire de Henri, un petit garçon qui vit dans un village de campagne et rêve de visiter Paris. Un jour, après avoir lu un livre sur la capitale, il prépare son baluchon et décide de s'y rendre, mais sur son chemin rien ne se passe comme prévu. Il s'endort et un petit oiseau lui joue des tours ; à son réveil il se trompe de direction et retourne dans son village pensant être arrivé à Paris. Finalement ce n'est pas si différent, rien ne vaut sa maison ! Plein d'humour et de tendresse, le texte de Leonore Klein s'accorde à merveille avec le travail graphique de Saul Bass.

Cinquante après, cet ouvrage fait toujours preuve d'une grande modernité et reste d'une incroyable créativité graphique. Fidèle à l'esthétique qui a fait sa réputation, Bass joue ainsi avec la géométrie, les lignes, les diagonales omniprésentes (les troncs des arbres, les jambes des personnages, démesurés, barrent les pages), les formes, les textes et les larges aplats de couleurs vives pour un rendu au final très minimaliste (un bus miniature se noie ainsi dans une double page, illustrant à merveille le désert de la petite ville), très graphique. Comme dans beaucoup des œuvres de Bass, la figure humaine est niée, éludée, pour laisser la place à la seule silhouette ; le corps est résumé par une paire de jambes ou un chapeau. Étonnamment, ce refus de montrer un visage, un regard, ne gêne pas l'identification mais la renforce même. La mise en page est rythmée, le texte vivant.

L'histoire, très simple, pourra être racontée aux plus petits et plaira également aux plus grands. À n'en pas douter, un ancien classique américain prêt à devenir une référence francophone !

Marina Hemonet
( Mis en ligne le 12/12/2012 )
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