L'actualité du livre
Jeunesseet Albums  

La Petite fille en rouge
de Roberto Innocenti et Aaron Frisch
Gallimard Jeunesse 2013 /  13.90 €- 91.05  ffr. / 28 pages
ISBN : 978-2-07-065063-7
FORMAT : 27,2 cm × 29,7 cm

Un Chaperon rouge dans l’enfer de la ville

Roberto Innocenti (italien, né en 1940) revisite avec son talent habituel le conte du Petit Chaperon rouge. Dans un décor urbain ultra contemporain et totalement déglingué, des enfants écoutent une vieille dame qui tricote une écharpe en leur racontant une histoire. D’emblée la fonction du conte est rappelée : «Sachez, néanmoins, les enfants, que les histoires sont comme le ciel : changeantes, imprévisibles et susceptibles de vous surprendre sans protection. Vous aurez beau scruter l’horizon, vous ne saurez jamais vraiment ce qui va arriver». On ne saurait mieux dire le rôle traditionnel du conte : avertir les enfants des dangers de la vie.

Et des dangers, la petite fille en rouge va en rencontrer lorsqu’elle part porter biscuits, miel et oranges à sa mamie de l’autre côté de la forêt. La page est occupée par l’illustration, et le texte est en légende. Au lecteur d’interpréter l’articulation entre ce qu’il voit et ce qu’il lit : le texte est conforme au conte classique, mais pour les enfants qui écoutent le conte, il parle de leur réalité quotidienne : tandis que la maman dispense ses conseils à la petite fille en rouge, sa petite sœur consulte son ordinateur. La petite fille descend l’escalier d’un immeuble plutôt sordide, dont la cage d’escalier est taguée. Pour aller dans la forêt, elle traverse au passage piéton dans les embouteillages ; voitures aux couleurs métalliques, stress, on entend presque les bruits assourdissants de la ville.

Roberto Innocenti a dessiné un univers réaliste et terrible, univers urbain qui nous est familier, avec ses affiches, sa publicité omniprésente, sa violence. La petite fille habite dans une zone assez glauque, et perdue dans la «forêt», zone désespérée, aux marges de la ville, «non-lieux» urbain… La petite fille est entourée de chacals inquiétants sur leurs deux roues, elle y rencontre le «chasseur» qui prétend la sauver : chasseur ou loup qui l’emmène à toute blinde sur sa moto jusqu’à la roulotte de la grand-mère et là… la fin est terrible, le cauchemar se réalise... Mais heureusement, pirouette finale : «Vous avez oublié ce qui caractérise les histoires ? Les histoires sont magiques. Qui a dit qu’elles n’avaient qu’une fin ?»

Un très, très bel album d’un des grands auteurs–illustrateurs contemporains. A partir de 7 ans.

Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 15/05/2013 )
Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
www.parutions.com

(fermer cette fenêtre)