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Le Voleur de lettres
de François Caradec et Jean-Pierre Cagnat
Gallimard Jeunesse - Giboulées 2006 /  12 €- 78.6  ffr. / 51 pages
ISBN : 2-07-057728-7
FORMAT : 15,5cm x 22,0cm

N’est-ce pas cela la littérature ?

Les parents cherchent toujours pour leur progéniture le livre qui saura à la fois les amuser et les instruire, le livre qui raconte une histoire qui s’est construite sur mille autres histoires, dans un enchevêtrement magique de références culturelles et historiques qu’il faut expliquer et raconter à son tour. N’est-ce pas cela la littérature ?

Et quand l’imaginaire s’en mêle, le plaisir est plus grand encore : car tout devient possible, jusqu’aux lettres des devantures de magasins chapardées par un mystérieux voleur. Volées, envolées, disparues ! «Quel Voyou m’a fait ça ?», s’exclame le cordonnier dont l’enseigne affiche maintenant «coonnier». Tous les commerçants du quartier des Graphes lèvent alors le nez et regardent leur enseigne… C’est le choc ! Ils ont tous été cambriolés de quelques lettres : le libraire a perdu un R et un A, le charcutier son CHA et le peintre son P initial. «Ça doit être encore une farce des garçons de l’école», tonne Monsieur Sélim. Et le lecteur de se demander effectivement s’il n’y aurait pas du «Petit Nicolas» là-dessous. C’est une piste, d’autant qu’il y a un Monsieur Nicolas, libraire de son état, dans l’histoire. Serait-il devenu grand ?

On s’égare… Il nous faut un inspecteur, qui saura démêler ce sac de nœuds. Voilà l’inspecteur Quoi (c’est son nom, il est chargé des vols de lettres) qui tire sur la pelote d’énigmes. De fil en aiguilles, que ne découvre-t-on pas ? Que les lettres ont des pattes, qu’elles sont grasses ou maigres, que les fillettes apprennent à les reconnaître sur les enseignes, quand elles ne jouent pas à suivre des lapins, et cetera, et cetera, jusqu’au lac sans fond. Et tout cela merveilleusement, et drôlement, illustré par Jean-Pierre Cagnat – le Cagnat du Canard et du Monde –, dont le trait accompagne parfaitement les exercices de style de François Caradec, qu’il connaît bien par ailleurs (cf. les albums précédents : Histoires pour Camille et Les Cinq diamants du diable, qu’on vous recommande).

«Tonnerre de Brest !» Quelle histoire ! Il faut dire que Caradec est né à Quimper, qu’il est l’un des grands historiens de la bande dessinée, mais aussi un Pataphysicien et Oulipien de la première génération. Ah ! se dit-on d’un air entendu. Qu’il a des petits enfants qui, comme les nôtres, apprennent à lire. He ! oui… Et qu’il préfère qu’ils apprennent en s’amusant, se promenant d’un sujet à l’autre, au fil des mots. Les parents le remercient : eux aussi aiment se balader gaiement sur le papier ! Après tout, les méthodes de lecture sont censées – comme toute méthode – nous promener, par des chemins de traverse… Si on pouvait toujours faire les devoirs en s’amusant…

Rachel Mourier-Lauthelier
( Mis en ligne le 10/10/2006 )
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