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Jeunesseet Albums  

Te Fais Pas Remarquer !
de François David et Tiziana Romanin
Sarbacane 2006 /  14.90 €- 97.6  ffr. / 34 pages
ISBN : 2-84865-120-2
FORMAT : 26,5cm x 24,5cm

Histoire sombre d’un enfant effacé

C’est d’abord l’histoire d’un petit Jules plutôt heureux, heureux de naître (il sourit à la vie dans la pouponnière où pleurent ses congénères), joyeux de vivre (il chante chez son oncle du Jura), mais que les adultes rabrouent : ses parents d’abord, inquiets de ne pas entendre ses cris de nouveau-né, son oncle rabat-joie qui l’enjoint de cesser ses ritournelles. Un petit Jules que les adultes rendent un peu triste. Un petit Jules, pas si petit finalement, plutôt grand même, trop peut-être par rapport à ses cousins. Et le voici qui se plie en deux sur les photos pour ne pas dépasser d’une tête les enfants de son âge. Jules se fond dans la masse : il arbore la même casquette grise et triste que ses camarades, et bientôt il se fond même dans les paysages, disparaît dans les papiers peints, s’évapore dans les rideaux.

Jules, personne ne le remarque plus. C’est bien ce qu’on voulait de lui, non ? Jules devient un jeune homme, toujours discret, effacé. Mais voici Juliette. Et pour l’amour de Juliette, Jules se révèle, se redresse, se réveille, et le voilà qui renaît à la vie et au bonheur, ce que tout le monde peut remarquer.

Rien de bien gai dans cette histoire. Les adultes sont incompréhensifs, les enfants sont cruels, l’enfance un temps malheureux. Evidemment, il y a l’amour. Mais c’est étrange, on n’y croit pas. Sans doute parce que tout au long de l’album, les dessins sont dans la même tonalité triste. Couleurs froides, dominance de gris, traits de crayon marqués : c’est fort joli, mais assez loin des univers colorés et chaleureux de la littérature enfantine.

Est-ce que cela permet à l’enfant effacé de réfléchir à son attitude, à son isolement ? Ou l’enfant, plus à l’aise, pourra-t-il mieux comprendre celui de ses camarades isolé dans la cour ? Difficile de savoir. Difficile de capter l’attention d’un jeune enfant sur cette histoire douce amère. Même si la fin est heureuse, quand on ferme l’ouvrage, c’est une impression générale de tristesse que l’on conserve. Difficile d’éteindre la lumière du coucher là dessus...

Mathilde Larrère
( Mis en ligne le 24/10/2006 )
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