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Flamzy le petit dragon
de Claudine Desmarteau et Ronan Badel
Seuil - jeunesse 2007 /  13.50 €- 88.43  ffr. / 37 pages
ISBN : 978-2-02-090825-2
FORMAT : 23,5cm x 30,5cm

Géopolitique ratée des dragons

Une ville de dragons. De dragons qui vivent dans des habitations troglodytes, mais qui ont sinon une vie fort classique. Les parents ont des métiers (le père du héros est pompier, c’est pas banal pour un dragon, mais c’est utile, car il y a toujours un feu à éteindre à Brazeroville !), les enfants vont à l’école, où, certes, en bonnes dragonnes, les filles jouent à la corde à brûler, mais ou sinon cours et récré se déroulent tout à fait normalement.

Tout repose sur le décalage entre le monde fantastique et la banalité de la vie quotidienne, mêlant situations classiques dans lesquelles l’enfant est appelé à se reconnaître, et légers décalages justifiés par la dragonnerie ambiante, ce qui permet au demeurant de dédramatiser quelques-unes des dites situations.

Le jeune Flamzy s’ennuie à l’école et attend impatiemment la récréation pour jouer avec ses amis Chandelam, Calcinex, Fournix et Combustor (humour !). Ils s’isolent alors, à l’abri des regards, pour s’adonner à leur passe-temps favori, un jeu où chacun possède des cartes aux forces variables et s’en sert pour récupérer celles des autres (il semblerait que cela soit de fait un des jeux de nos cours de récréation...). Malheureusement, le caïd des préaux les débusque et leur confisque les précieuses cartes. Qu’importe, ils en apporteront d’autres le jour prochain. Morale ?

Telle quelle, l’histoire n’a d’autre intérêt (léger) que l’identification et le décalage dragonnesque. Les dessins aquarellés sont inégaux, parfois jolis, colorés, d’autres fois assez vilains. Mais l’ouvrage se complique d’une géopolitique simplifiée à l’usage des enfants. Car sur les fameuses cartes, point de chevaliers ou de supers héros, mais un «juge d’acier» qui permet de contrer une «ministre marron», avant que le «boss véreux» n’en triomphe ; il faut alors dégainer la carte maîtresse, «War président» (on aura reconnu W. Bush sur la trombine), mais elle-même tombe sous le coup de la «ruine médiatique» ou de «émir gisement».

Alors là, on vous met au défi d’expliquer les diverses allusions au gamin de 6 ans que vous aviez plongé dans l’ouvrage. Pour la cible a priori désignée par cette histoire de dragon et de cour – disons un public de 5–7 ans maximum –, les sous-entendus politiques sont incompréhensibles et sans intérêt. La géopolitique tombe à l’eau, ce qui est un comble dans une histoire de dragons!

Mathilde Larrère
( Mis en ligne le 03/04/2007 )
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