L'actualité du livre
Jeunesseet A partir de 5 ans  

Lettre des îles Baladar
de Jacques Prévert et André François
Gallimard Jeunesse 2007 /  15 €- 98.25  ffr. / 48 pages
ISBN : 978-2-07-057599-2
FORMAT : 26,0cm x 18,0cm

Paradis lointains

Les éditions Gallimard publient Lettre des îles Baladar. Cette édition reproduit celle de 1952 et la lecture commence par le plaisir éprouvé à recevoir cette lettre, habillée telle une lettre par avion, avec l’antique bordure tricolore, les timbres qui l’estampillent et qui font déjà rêver, le tampon de «Gran’central Baladar, Noël, Pentecôte, Pâques». Prêt à partir ?

Jacques Prévert nous entraîne dans un texte plein de fantaisie, très bien servi par les illustrations d’André François. On y retrouve la poésie, l’antimilitarisme, la haine de tout ce qui de près ou de loin contraint la liberté des hommes. Très au loin, protégées par la Mer, oubliées des hommes qui les ont à peine nommées (l’île à Part, l’île Subito Presto, l’île Incognito), ces îles ont progressivement disparu, à l’exception de la plus petite : «l’île Sans la moindre importance», toute proche du continent et pourtant épargnée. Une île calme, en paix, tranquille, habitée par des pêcheurs, sans souci de rentabilité, ni cupidité, toujours propre grâce au singe bleu, Quatre-mains-à-l’ouvrage, le balayeur municipal. Toute occasion est bonne pour faire la fête, chanter…

Jusqu’au jour où la petite île va subir l’invasion des gens de Tue-tue-Paon-Paon, dont la distraction favorite est de chasser les paons. Attirés par l’or dont les pêcheurs de la petite île ne font nul cas, les prédateurs de Tue-Tue-Paon-Paon débarquent, construisent un pont pour relier l’île au continent. Ils installent la terreur, développent leurs ambitions financières, obligent les indigènes à descendre à la mine, et le Général Trésorier gouverne l’ensemble… Mais un jour les indigènes se révoltent et s’enfuient et le Général trésorier tente de soudoyer Quatre-mains-à-l’ouvrage… sans résultats. Il ne reste comme solution au Général Trésorier que la retraite… et tous les affreux de quitter l’île par le pont récemment construit ; quand celui-ci s’effondre sous leur poids ; Quatre-mains-à-l’ouvrage, aidé de son ami le cheval, nettoie l’île et tout redevient comme avant dans le grand Manège de la Vie.

Le livre peut être lu par les petits (à partir de 5/6 ans) à qui il parlera de fête et de tendresse, d’amitié et d’innocence, de fin heureuse. Les plus grands y retrouveront le Prévert poète et critique sévère de la colonisation, de l’industrialisation, chantre d’une société doucement anarchiste, sans dieu ni maître, ni militaire. Dans les deux cas la fable fonctionne.

Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 14/11/2007 )
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