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Histoire & Sciences socialeset Poches  

Le Dernier mort de Mitterrand
de Raphaëlle Bacqué
Le Livre de Poche 2011 /  6 €- 39.3  ffr. / 190 pages
ISBN : 978-2-253-15788-5
FORMAT : 11cmx18cm

Première publication en mai 2010 (Grasset)

L'auteur du compte rendu : Alexis Fourmont a étudié les sciences politiques des deux côtés du Rhin.


Le Ministre de la vie privée

La «fragilité du cœur des hommes» : tel est le sujet qu’a dernièrement traité Raphaëlle Bacqué. Dans son dernier ouvrage Le Dernier mort de Mitterrand, aujourd'hui au format poche, la journaliste du Monde aborde en effet la tragique disparition de François de Grossouvre, l’homme lige du Président socialiste, dans une pesante atmosphère de fin de règne.

«Une balle dans la tête, au cœur de l’Elysée. On évoqua aussitôt, écrit la journaliste, le suicide d’un courtisan éconduit. D’un vieil homme malade. L’ultime signal d’un pouvoir finissant. Le bruit d’un assassinat courut, aussi, dans ce palais mortifère où même le président se mourait d’un cancer. On imaginait des tueurs pénétrant dans l’Elysée. L’autopsie, continue-t-elle, avait souligné une «luxation de l’épaule gauche compatible avec le recul» et l’on voyait déjà l’agression. Le plus petit détail devenait suspect».

«Les années du mitterrandisme, affirme Raphaëlle Bacqué, ont ceci de supérieur aux autres qu’elles ont conservé, malgré le temps qui passe, une part de leurs secrets». Assurément, François de Grossouvre fait partie des «mystères restants». Comment le «ministre de la vie privée» de Mitterrand en est-il arrivé à la dernière extrémité ? L’enquête de la journaliste porte sur les raisons, les modalités et les conséquences les plus immédiates de la déroutante rupture survenue entre les deux hommes, laquelle s’est in fine traduite par la mort de François de Grossouvre le 7 avril 1994.

La proximité a pourtant jadis été grande, si bien qu’une fois élu à la Présidence de la République Mitterrand avait engagé Grossouvre comme conseiller. Portant le même prénom, ils avaient presque le même âge. A l’instar du premier, le second est un homme en clair-obscur. Leurs passés respectifs, déjà, ne manquent pas de susciter des interrogations : en effet, «les souvenirs de guerre de Grossouvre sont pleins d’ombres eux aussi». Goûtant chacun les délices, mais également les méandres du secret, les deux hommes ont en outre mené une double vie.

Suicide ou meurtre, la fin de Grossouvre à l’Elysée accuse Mitterrand. «Les murs capitonnés ont» certes «étouffé le bruit du 357 Magnum Manurhin», mais «pas l’onde de choc qui va secouer le premier cercle des mitterrandiens». La mort de Groussouvre a bel et bien «signé (…) le crépuscule d’une époque. Le constat des illusions perdues. La cruauté d’un idéal dévoyé».

Alexis Fourmont
( Mis en ligne le 01/02/2010 )
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