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Le Mur de Berlin - 13 août 1961 - 9 novembre 1989
de Frederick Taylor
Perrin - Tempus 2011 /  12 €- 78.6  ffr. / 694 pages
ISBN : 978-2-262-03399-6
FORMAT : 11cm x 17,8cm

De la construction à la chute

Dans son discours du 5 mars 1946 qu’il tint à Fulton, Sir Winston Churchill déclara notamment que «de Stettin dans la Baltique jusqu'à Trieste dans l'Adriatique, un rideau de fer est descendu à travers le continent. Derrière cette ligne se trouvent toutes les capitales des anciens États de l'Europe centrale et orientale. Varsovie, Berlin, Prague, Vienne, Budapest, Belgrade, Bucarest et Sofia, toutes ces villes célèbres et les populations qui les entourent se trouvent dans ce que je dois appeler la sphère soviétique, et toutes sont soumises, sous une forme ou sous une autre, non seulement à l'influence soviétique, mais aussi à un degré très élevé et, dans beaucoup de cas, à un degré croissant, au contrôle de Moscou».

Assurément, celui qui dans la pire tourmente tint tête à Hitler fit preuve de clairvoyance : la Seconde Guerre mondiale à peine terminée, la Guerre Froide était bel et bien lancée. Quelques années plus tard, à la séparation du monde entre blocs capitaliste et communiste devait s’ajouter au cœur de Berlin l’érection d’un mur surnommé d’une part «rempart antifasciste» par les Soviétiques, d’autre part «mur de la honte» par l’occident. Dans The Berlin Wall, 13 August 1961-9 November 1989, ouvrage qu’il a écrit en 2006, l’historien Frederick Taylor s’est penché sur l’histoire de ce mur, épisode aussi dramatique qu’inattendu, qui resta à la postérité comme «le symbole de la division de l’Allemagne et du monde entre capitalisme et communisme». Les éditions Perrin ont dernièrement réédité la traduction en français de cette érudite étude.

Soutenue et aidée les Etats membres du pacte de Varsovie, la République démocratique d’Allemagne construisit dans la nuit du 13 août 1961 un mur long de quarante-cinq kilomètres. Il s’agissait alors de verrouiller l’accès à Berlin-Ouest. Pour ce faire, les autorités de la RDA le décrétèrent zone militaire interdite. Par la suite, il devint une zone quasiment imperméable à cause des immenses quantités de béton, des fossés, des barbelés et des mines qui furent déployés. L’objectif officieux de la manœuvre était de contenir, puis d’endiguer définitivement la fuite massive des citoyens est-allemands vers l’Ouest. Environ quatre-vingt Allemands furent tués en tentant de le franchir. Les soldats postés à la frontière avaient en effet pour ordre de tirer sur les fugitifs. Sept points frontaliers de transit furent mis en place afin de permettre aux étrangers et aux citoyens ouest-allemands de se rendre en Allemagne de l’Est.

Néanmoins, à partir de septembre 1989, les Allemands de l’Est purent gagner l’Ouest en passant par la Hongrie. Au terme de ce qui fut appelé outre-Rhin la «révolution pacifique», le mur de Berlin fut ouvert le 9 novembre, date d’une extrême ambivalence symbolique dans l’histoire allemande puisqu’elle fut notamment celle de la proclamation de la République de Weimar (1918), puis de l’échec du putsch d’A. Hitler (1923) et… de la «nuit de cristal» (1938). Dans ce livre très complet, l’auteur tente «d’expliquer comment, à travers sang et sable, puis béton et fil barbelé, un monde clos a vu le jour ; comment l’espace d’une moitié de vie humaine, il s’est développé dans toute sa fétide splendeur ; et comment, par une nuit enivrante, aussi imprévue qu’imprévisible, il a pris fin».

Jean-Paul Fourmont
( Mis en ligne le 21/02/2012 )
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