L'actualité du livre
Histoire & Sciences socialeset Poches  

La Guerre et le vin
de Donald & Petie Kladstrup
Perrin - Tempus 2005 /  8 €- 52.4  ffr. / 247 pages
ISBN : 2-262-02406-5
FORMAT : 11,0cm x 18,0cm

Batailles de vignes

En France, pays des plaisirs de la table par excellence, le vin relève, au même titre que les monuments historiques, la littérature ou les toiles de maîtres, du patrimoine culturel national. Culturel, mais aussi historique, comme le démontrent avec éloquence Don et Petie Kladstrup dans La Guerre et le vin, paru chez Perrin.

Journalistes de leur état, notamment pour le Wine Spectator, les auteurs ont sillonné quatre années durant les vignobles français pour y recueillir les témoignages et anecdotes de ceux qui ont vécu la Seconde Guerre mondiale non pas sur le front, mais au milieu de leurs vignes. Leur combat n’en fut pas moins âpre ; face à un occupant allemand particulièrement amateur de vin, les viticulteurs de l’époque durent en effet rivaliser d’ingéniosité et d’abnégation pour sauver une partie de leurs bouteilles de la soif nazie.

Au final, un million et demie de bouteilles auront tout de même été saisies par les troupes du Reich, menées en particulier par Goering, parmi les meilleurs crus français entre 1940 et 1944. Un chiffre dont on prend la mesure dès les premières pages du livre, par le récit de la découverte en mai 45 par une troupe française dans l’Adlershorst, édifice fortifié d’Hitler en Bavière, d’une cave secrète garnie de centaines de milliers de bouteilles des crus français les plus prestigieux.

Mais les plus beaux flacons n’ont pas tous été dérobés, et c’est précisément l’histoire que raconte La Guerre et le vin, ou plutôt les histoires, insolites et parfois cocasses, de ces hommes viscéralement attachés à leurs terres et leurs vignes, au point, comme un dénommé René Couly à Vouvray, de boire la production plutôt que de la céder à l’envahisseur.

Une anecdote parmi tant d’autres dans un livre qui n’a ni cartes ni chronologies détaillées à proposer, préférant faire l’impasse sur la rigueur scientifique requise dans le cadre d’un réel travail d’historien, au grand plaisir du lecteur moins tatillon, qui déguste ces pages l’eau à la bouche ; ou plutôt : le vin !

Stéphane Rose
( Mis en ligne le 19/01/2006 )
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