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Histoire & Sciences socialeset Antiquité & préhistoire  

La Mort en face - Le dossier gladiateurs
de Eric Teyssier
Actes Sud 2009 /  33 €- 216.15  ffr. / 537 pages
ISBN : 978-2-7427-8059-4
FORMAT : 15,5cm x 24,6cm

L’auteur du compte rendu : Yannick Durbec, professeur agrégé de Lettres Classiques, Docteur ès Lettres, enseigne en Classes Préparatoires aux Grandes Écoles.

Les Gladiateurs en face

Eric Teyssier (E.T. ci-après) a précédemment publié aux éditions Errances un ouvrage remarqué : Gladiateurs. Des sources à l’expérimentation. Son deuxième ouvrage, intitulé La Mort en face, est le fruit d’un travail de recherche conduit dans le cadre de son habilitation à diriger des recherches. Ce livre passionnant bénéficie donc de toute la rigueur scientifique attendue de qui aborde ce dossier si souvent maltraité dans l’imaginaire collectif. Le lecteur trouvera ici un ouvrage de référence, bien loin des clichés et des jugements hâtifs.

Le premier chapitre est consacré à la genèse et à la structure de la gladiature. E. T. récapitule dans un premier temps les caractéristiques des différents types de combattants, dont il montre la technicité. Leur évolution est située dans une période allant de l’époque de César à la fin du règne d’Auguste. Des types de combattants ethniques que sont le gaulois et le samnite procèdent de nouveaux combattants : le mirmillon et les provocatores. Le thrace, dont le nom dit l’origine ethnique, perdura pour sa part en raison de sa technique, tout en générant un autre gladiateur : l’hoplomaque. La gladiature à cheval, qui ne comportait au Ier siècle av. J.-C. que l’eques, s’enrichit à cette période de l’essedarius. Un tableau récapitulatif (p.173) permet de visualiser l’évolution de la gladiature et de comprendre l’origine des principaux types de combattants. E. T. souligne que la notion de technique constitue la clé de compréhension de la gladiature. Une étude statistique, fondée sur le corpus iconographique, montre le succès des paires thrace – mirmillon et rhétiaire – secutor.

E. T. étudie dans un deuxième chapitre les armes et les techniques de combat des gladiateurs sous le Haut-Empire, aux Ier et IIe siècles de notre ère. Une analyse détaillée des équipements des gladiateurs permet de dégager plusieurs évolutions, même si le cadre général de la gladiature est globalement stable. Un soucis constant de perfectionnement technique fait en effet évoluer les équipements. L’efficacité des armes et des protections se renforce, au service du spectacle-combat. E. T. constate que l’engouement pour les deux paires vedettes que sont les thraces et les mirmillons d’une part et le secutor et le rétiaire d’autre part, est difficile à expliquer. Cependant l’auteur remarque que l’apparition du deuxième couple coïncide avec le développement des amphithéâtres qui précisément permettent leur évolution.

Dans un troisième chapitre, E. T. examine la place qu’occupe la gladiature au sein de la société romaine. Pour le lecteur non spécialiste, ce chapitre est sans aucun doute le plus passionnant. La gladiature peut sous plusieurs aspects être comparée au football dans nos société modernes. E. T. envisage successivement le coût de la gladiature, les fantasmes attachés aux héros de l’arène. L’essai de modélisation d’un ludus municipal à la fin du Ier siècle apr. J.-C. permet au lecteur de se plonger dans le quotidien d’une troupe de gladiateurs professionnels et de comprendre les règles qui régissaient ce milieu.

L’exceptionnelle qualité documentaire de cette étude en fera certainement un classique, dont on ne peut que recommander la lecture à tous ceux qu’intéresse la Rome antique.

Yannick Durbec
( Mis en ligne le 24/11/2009 )
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