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Histoire & Sciences socialeset Antiquité & préhistoire  

L'Histoire brisée - La Rome antique et l'Occident moderne
de Aldo Schiavone
Belin - Poche 2009 /  8 €- 52.4  ffr. / 368 pages
ISBN : 978-2-7011-5178-6
FORMAT : 11cm x 18cm

Traduction de Geneviève et Jean Bouffartigue

L'auteur du compte rendu : Alexis Fourmont a étudié les sciences politiques des deux côtés du Rhin.


La chute de l'empire romain

En pleine Révolution française, Saint-Just déclara dans l'un de ses discours que «le monde est vide depuis les Romains» et que «leur mémoire le remplit et prophétise encore la liberté». La référence n'est pas anodine, loin s'en faut, puisque les revendications révolutionnaires en matière d'institutions républicaines s'inspiraient, en partie, du précédent antique. On le voit, l'Antiquité - grecque, puis romaine - a constitué une sorte d'acmé de la civilisation, laquelle a finalement reflué lors de l'irruption du Moyen Age et de son cortège d'obscurantismes, avant de reprendre sa marche lors des temps modernes. Dans son ouvrage L'Histoire brisée, Aldo Schiavone revient sur la chute de l'Empire romain, pour s'interroger sur les liens unissant à la civilisation moderne la civilisation antique.

En proie à des «équilibres duels» (p.103), l'économie impériale se divisait en deux parties: «la forme archaïque» d'une part et «la forme avancée» de l'autre. Toutefois, en dépit de son incontestable développement, la deuxième n'a pas réussi à l'emporter sur la première. «Au contraire, précise l'auteur, les deux formes coexistèrent très longtemps en pleine compatibilité. La persistance de cette combinaison fut le vrai trait dominant de l'économie impériale». D'ailleurs, «ce n'est pas seulement l'économie, mais toute l'histoire de Rome qui apparaît placée sous le signe de grandes polarités non résolues et par bien des aspects encore indéchiffrables» (p.108).

Au fil des pages, on apprend que l'extrême abondance en main d'œuvre servile n'est pas l'unique cause du rendez-vous manqué de l'Empire romain avec la révolution industrielle. Du fait de leur idéal à la fois anti-technique et anti-économique, les élites de l'époque ne sont pas étrangères à cette stagnation. Leur faisait défaut une éthique du travail, analogue à celle de la bourgeoise de l'époque moderne.

Très argumenté, parfois aride, l'essai d'Aldo Schiavone est d'un grand d'intérêt et éclaire, de façon inédite, la chute de l'Empire romain.

Alexis Fourmont
( Mis en ligne le 14/09/2010 )
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