L'actualité du livre
Histoire & Sciences socialeset Antiquité & préhistoire  

Le Récit en Grèce ancienne
de Claude Calame
Belin - L'antiquité au présent 2000 /  18.32 €- 120  ffr. / 296 pages
ISBN : 2-7011-2742-4

La parole d’Homère

Réédition mise à jour d’un recueil d’études parues pour la première fois dans les années 1970-1980, ce livre s’interroge sur les procédés d’énonciation et leurs représentations en Grèce ancienne, surtout dans la littérature archaïque mais aussi à travers la céramique. Un des problèmes posés par ce sujet est que l’époque choisie est trop éloignée pour qu’on puisse saisir les phénomènes d’oralité autrement que par des textes écrits. Il est donc difficile de mesurer le rôle respectif de l’écriture et de l’oralité.

L’auteur s’interroge pourtant sur le sujet de l’énonciation, le rôle de l’invocation aux Muses, d’abord dans les poèmes homériques, premières oeuvres écrites, dans les oeuvres d’Hésiode et dans la poésie lyrique. Avec Hérodote, on passe à la prose, mais le sujet est toujours présent à travers le narrateur qui dialogue, non plus avec les seules Muses ou la divinité, mais avec des témoins, eux-mêmes narrateurs. Quel est le rôle du masque dans la tragédie grecque ? Paradoxalement, les masques expriment moins des sentiments propres aux personnages qu’ils ne renvoient à des distinctions très générales de sexe ou d’âge. Le masque facilite la communication avec le public, mais sans rapport précis avec le sujet de l’oeuvre, en créant une distanciation.

Claude Calame compare l’utilisation des masques dans les représentations dramatiques avec celle qui en était faite à d’autres occasions, fêtes d’Artémis, de Dionysos ou de Déméter, pour en comprendre le rôle et la spécificité dans le discours tragique. L’auteur s’intéresse enfin à la céramique et à son discours propre. Le sujet de l’énonciation est ici le vase lui-même, qui peut s’adresser à différents interlocuteurs, tandis que le jeu des masques et des regards des personnages figurés sur le vase rend encore plus complexe le procédé d’énonciation.

Dans une dernière partie, l’auteur se consacre aux rapports entre mythe, récit et conte. Il compare pour cela la légende du Cyclope telle qu’elle apparaît dans l’Odyssée avec plusieurs contes du folklore européen de différentes origines. Il analyse les épithètes qui accompagnent le nom des dieux et d’autres personnages chez Homère ou Hésiode, les jeux sur l’étymologie des noms propres, le problème de l’espace et de sa représentation à travers l’exemple du mythe de Thésée, ainsi que le rapport entre mythe et rite. On peut regretter que les textes commentés soient réunis en annexe : une insertion dans le corps du livre lui-même rendrait le propos moins aride. En effet, ce livre, qui recourt souvent à un vocabulaire technique précis, intéressera surtout les amateurs de critique et théorie littéraire.

Marie-Christine Marcellesi
( Mis en ligne le 19/12/2000 )
Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
www.parutions.com

(fermer cette fenêtre)