L'actualité du livre
Histoire & Sciences socialeset Moyen-Age  

Histoire du franciscanisme
de Iriarte Lazaro
Cerf - Histoire 2004 /  40 €- 262  ffr. / 670 pages
ISBN : 2-204-07505-1
FORMAT : 15x21 cm

L'auteur du compte rendu : Sophie Delmas, professeur d’histoire et géographie, est actuellement allocataire de recherche à Lyon 2 où elle prépare une thèse en histoire médiévale.

Une vision complète de l'ordre

La parution récente de cet ouvrage sur l’histoire du franciscanisme peut susciter l’enthousiasme, mais elle ne doit pas induire le lecteur en erreur. L’auteur, le capucin Lazaro Iriarte, historien de l’Eglise et spécialiste de la spiritualité franciscaine, a disparu en 1997 ; la première édition de son livre a vu le jour en Italie quelques années auparavant, en 1982. Cette œuvre n’est donc pas à proprement parler nouvelle. Elle a été rédigée après le succès d’un premier Manuel d’histoire franciscaine, paru en 1954, dont elle se veut à la fois une refonte et une mise à jour, comme l’explique l’auteur lui-même dans sa préface à la seconde édition italienne.

Ce volumineux ouvrage est organisé autour de trois parties très inégales. La première occupe les cinq cents premières pages du livre qui en compte presque sept cents ; elle est consacrée aux frères mineurs proprement dits et suit un plan chronologique, d’abord des origines à 1517, puis durant l’époque moderne avec la séparation entre observants et conventuels, l’apparition des capucins, et enfin la grande épreuve au tournant des XVIIIe et XIXe siècles avant la restauration de l’ordre, qui mène le lecteur jusqu’en 1975. La seconde partie s’intéresse à l’Ordre des Pauvres Dames, dont la naissance est liée à la personnalité de Claire d’Assise, alors que la troisième s’attarde sur le Tiers Ordre, qu’il soit séculier ou régulier. Mais le manuel de L. Iriarte n’est pas seulement une mise au point historique sur chaque branche de la famille franciscaine ; ce faisant, l’auteur propose aussi des pages concernant l’organisation administrative de l’ordre, la spiritualité franciscaine, l’influence de ce mouvement pour les lettres, les sciences et les arts. L’ouvrage se termine par deux annexes, l’une consacrée aux saints et bienheureux de la famille franciscaine, l’autre aux sources bibliographiques et historiques. Un index des noms de personnes, des villes, des lieux principaux et documents pontificaux vient heureusement clore l’ensemble.

Malgré sa relative ancienneté, l’Histoire du franciscanisme comble un certain vide, puisque peu de livres en français font ainsi le point sur ce sujet et proposent une vision complète et historique de l’ordre, loin des querelles idéologiques qu’il a pu susciter. Le plus intéressant consiste sans doute dans les pages consacrées aux périodes moderne et contemporaine, souvent délaissées par les historiens et peu connues du grand public. De plus, les femmes et le tiers-ordre ne sont pas oubliés, et cela bien avant la mise à l’honneur de Claire d’Assise en 2003, au moment du 750e anniversaire de sa mort. Enfin, l’ouvrage se veut franchement pédagogique ; chaque chapitre est précédé de quelques lignes en italiques, qui se veulent à la fois une introduction et un résumé de son contenu.

Malgré ces qualités, le livre n’échappe malheureusement pas à certains défauts. Ce manuel reste l’œuvre, non d’un historien, mais d’un capucin qui est bel et bien membre de l’ordre dont il écrit l’histoire ; cette singularité se fait sentir à la fois dans le style et dans la perception de l’histoire du franciscanisme, organisée autour de la notion de «scandale», à savoir les controverses autour de la pauvreté. Cet ouvrage se veut par ailleurs exhaustif et l’est peut-être parfois de façon excessive, en donnant des listes interminables de théologiens, écrivains ou artistes (par exemple pp.414-429) qui auraient gagné à être hiérarchisées ou quelque peu élaguées. Mais la maladresse la plus importante concerne surtout la bibliographie : certaines données bibliographiques ont été placées en notes de bas de pages et désorientent le lecteur dans la mesure où elles sont peu nombreuses et lacunaires. Il aurait fallu faire un choix entre une véritable mise au point historique avec de savantes notes de bas de page et un manuel proposant une bibliographie en fin de volume. Celle que l’on trouve aux pages 623-634 aurait par ailleurs mérité d’être mise à jour, ne serait-ce qu’avec l’ouvrage de J. Longère sur La Prédication médiévale (Paris, IEA, 1983) ou avec la récente mise au point de B. Roest, A History of Franciscan Education (c. 1210-1517) (Leiden-Boston-Köln, Brill, 2000).

Sophie Delmas
( Mis en ligne le 14/01/2005 )
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