L'actualité du livre
Histoire & Sciences socialeset Période Moderne  

Louis XIV - L'Homme et le roi
de Nicolas Milovanovic , Alexandre Maral et Collectif
Flammarion 2009 /  65 €- 425.75  ffr. / 429 pages
ISBN : 978-2-08-122810-8
FORMAT : 25cm x 32cm

Édition reliée ; existe aussi en format broché (49 €)

L'auteur du compte rendu : Matthieu Lahaye poursuit une thèse consacrée au fils de Louis XIV sous la direction du professeur Joël Cornette à l’Université Paris-VIII.


Louis XIV médiocre ou génie ?

Au début du XXe siècle, dans son Histoire de France, Ernest Lavisse décrivait l’intelligence de Louis XIV comme «toute passive, sans initiative aucune, nullement curieuse, point en quête de problèmes». L’historiographie républicaine préférait en effet comprendre Louis XIV comme un outil aux mains de figures plus conformes à ses idéaux, notamment celle du grand commis de l’État, Jean-Baptiste Colbert. Or, depuis une vingtaine d’années, les historiens ont essayé de mieux distinguer entre le génie propre du roi-soleil, de son entourage et celui d’une époque. En 1986, François Bluche insista sur le charisme du roi tandis que Jean-Christain Petitfils, en 1995, mettait l’accent davantage sur l’implication du souverain dans le travail gouvernemental, notamment après la disparition du secrétaire d’État de la guerre, Louvois (1691). L’exposition organisée en cette fin d’année 2009 au château de Versailles, Louis XIV, l’homme et le roi, cherche à achever cette réévaluation de l’homme Louis XIV.

Pour ce faire, les conservateurs du château de Versailles ont réuni peintures et objets dont le souverain aimait à s’entourer. En dépit des destructions importantes de ce patrimoine au cours des siècles, il est tout de même possible aux visiteurs d’admirer de nombreuses pièces d’exception comme le cabinet réalisé dans l’atelier de l’ébéniste Domenico Cucci, aujourd’hui conservé dans les collections du duc de Northumberland. D’autres sont beaucoup plus courantes, mais néanmoins rarement comprises à leur juste valeur comme les Almanachs royaux qui contribuèrent tant à la construction de l’image du prince dans le royaume.

Le catalogue de l’exposition demeure le compagnon obligé de cette promenade au cœur du mécénat royal. Une suite de courts essais écrits par des historiens de l’art confirmés permet de comprendre et de contextualiser ce que l’on nous donne à voir. Par ailleurs, Marc Fumaroli introduit avec élégance le propos, même si son style parfois impressionniste ajoute à la confusion d’un ouvrage assez mal charpenté. Aussi se perd-on un peu dans ce gros volume de plus de quatre cents pages partagé entre une première partie constituée de réflexions assez larges sur les liens qu’entrenait Louis XIV avec les arts et une seconde où les principales sections de l’exposition sont présentées.

Regrettons aussi, en dépit des souhaits affichés par Jean-Jacques Aillagon dans la préface, que l’esprit pluridisciplinaire manque à ce point. En effet, cette aventure prometteuse est handicapée par l’absence d’historiens dans le comité scientifique ; on aurait aimé que cette exposition et cet ouvrage soient l’occasion de confronter les points de vue. Comment mettre à nu Louis XIV sans présenter un document écrit de sa main, sans rien dire de son univers mental ni de ses rapports avec ses contemporains ? Au bout du compte, le lecteur craint parfois que l’objectif affiché du projet ait été manqué, faisant de Louis XIV un prétexte à une exposition sur ses rapports avec le monde des arts.

Ceux qui attendent de ce catalogue des notices précises des œuvres exposées seront déçus. En revanche, l’amateur éclairé à la recherche d’une iconographie aussi abondante que de qualité sera comblé.

Matthieu Lahaye
( Mis en ligne le 24/11/2009 )
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