L'actualité du livre
Histoire & Sciences socialeset Période Moderne  

État méthodique des Archives du Parlement de Paris
de Françoise Hildesheimer et Monique Morgat-Bonnet
Archives Nationales 2011 /  25 €- 163.75  ffr. / 242 pages
ISBN : 978-2-86000-348-3

L'auteur du compte rendu : Historienne et journaliste, Jacqueline Martin-Bagnaudez est particulièrement sensibilisée aux questions d'histoire des religions et d'histoire des mentalités. Elle a publié (chez Desclée de Brouwer) des ouvrages d'initiation portant notamment sur le Moyen Age et sur l'histoire de l'art.

Françoise Hildesheimer collabore à Parutions.com


Une clé pour un gisement d’Histoire de France

L'imposante Galerie du Parlement aux Archives Nationales est pour le néophyte un lieu impressionnant : dans ce lieu construit sous la Monarchie de Juillet pour leur conservation, cinq siècles des actes constituant la mémoire écrite de la plus haute cour de justice de l'Ancien Régime sont rassemblés. Belle pour le visiteur, la série est d'un abord redoutable pour le chercheur, qui se trouve confronté aux 30 000 articles (11 659 registres et quelques 15 000 cartons de minutes) rendant compte de l'activité de cette cour. De fait, ce formidable gisement d'informations à travers un organe exerçant la justice souveraine par délégation du Roi, à compétence universelle, impliqué dans le politique par son enregistrement des édits et les remontrances qui peuvent en découler, demeure un fonds malaisé tant l'accès à cette masse est complexe. La masse des arrêts rendus constitue en effet une source incomparable puisqu'elle dit le droit, mais difficile à exploiter en raison de son caractère essentiellement juridique. Sans doute existait-il des instruments de recherche : inventaires, répertoires, tables et autres guides. Mais ils restaient partiels, sans aucune unité dans leur méthode de présentation, parfois restés manuscrits, rendant leur utilisation difficile. Aucune «méthode» dans ce panel pourtant d'une haute tenue scientifique.

Les Archives Nationales fournissent aujourd'hui, sous la forme d'un livre de 250 pages, l'outil qui va faciliter le travail de l'historien et du juriste. L'État méthodique réalisé par une Conservateur général aux Archives Nationales et une Ingénieur du Centre d'Étude d'Histoire juridique (CNRS) fournit la clé pour entrer dans cette masse documentaire. L'érudition dont font preuve les deux auteurs se fonde sur une grande familiarité avec cette série ; elles présentent ici un guide systématique et logique. Les historiens amenés à travailler dans ce fonds en apprécieront l'exhaustivité, la précision, l'érudition et la sûreté. La description se déroule tout naturellement au fil des chapitres qu'impose, davantage que la cotation du fonds, le déroulement de la procédure. Les travaux archivistiques antérieurs font l'objet d'une copieuse annexe. On y trouvera leur inventaire raisonné, à travers époques et genres, présenté dans la logique des cotes. Complétant les références des études particulières signalées au fur et à mesure que sont abordées les séries et sous-séries, une bibliographie générale raisonnée de quelque 600 titres est proposée en fin de volume.

Et si les Archives du Parlement de Paris souffrent aussi du handicap constitué par le préjudice négatif qui marque la justice pénale de l'Ancien Régime (secret de la procédure criminelle, non motivation des arrêts, voire difficultés paléographiques...), les auteurs de ce nouvel outil de travail dépassent un propos qu'on pourrait qualifier de purement pratique pour offrir au fil des pages une véritable introduction au fonctionnement de l'institution. Au-delà du «simple» recensement des gisements documentaires, l'ouvrage conduit à la connaissance systématique des institutions et des actes, à la manière d'un manuel ramené à l'essentiel de ce qu'il faut savoir. On citera, à titre d'exemple, les pages consacrées à l'exposé du déroulement d'un procès-civil (p.38 sq) et criminel (p.85 sq) : quel étudiant ne ferait son miel d'un exposé clair et précis de la procédure ? Autre exemple : quelques lignes expliquent la nature «extraordinaire» des sessions dites «des Grands Jours» avant d'en signaler les registres (p.55). Un dossier d'illustrations d'une soixantaine de pages fournit des exemples (transcrits) des diverses catégories de textes et montre les relations procédurales qui les unissent.

C'est dire que la présentation méthodique, sous forme maniable, de ce fleuron que constituent les Archives du Parlement de Paris s'ouvre à différents niveaux d'exploitation possibles et va largement au-delà du simple instrument de recherche archivistique : il prend place dans les publications scientifiques des Archives nationales et en élargit souvent les perspectives aux dimensions d'un ''Que sais-je ?''.

Jacqueline Martin-Bagnaudez
( Mis en ligne le 19/04/2011 )
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