L'actualité du livre
Histoire & Sciences socialeset Période Moderne  

La Théologie - Une anthologie - Tome 3, Renaissance et réformes
de Nicole Lemaître , Marc Lienhard et Collectif
Cerf - Initiations 2010 /  48 €- 314.4  ffr. / 573 pages
ISBN : 978-2-204-07608-1
FORMAT : 14,7cm x 23,5cm

L'auteur du compte rendu : Hugues Marsat est agrégé d'histoire. Enseignant dans le secondaire, il mène parallèlement des recherches sur le protestantisme aux XVIe-XVIIe siècles.

Summa cum laude

Comme les mathématiques, la théologie est une science parfaite parce que purement artificielle, chacun de ses postulats ayant été posés par l’Homme et affaire de pure acceptation, donc de foi. En revanche, à la différence des mathématiques, il n’est pas évident de trouver des applications directes à la théologie chrétienne, susceptibles d’affecter profondément la vie quotidienne du plus grand nombre. La période de la Renaissance fait exception toutefois. A aucun autre moment dans l’histoire du christianisme, la réflexion théologique n’a autant affecté la vie du moindre des chrétiens : des réflexions, des questions, des doutes, des démonstrations qui agitèrent l’esprit d’Erasme, de Luther, de Calvin, de Loyola, Las Casas et des cinquante-cinq autres auteurs des textes – sans parler des textes collectifs comme les décrets conciliaires -, sortirent le protestantisme, le catholicisme, l’héliocentrisme, la tolérance, la traite des esclaves et nombre d’autres conséquences sur lesquelles se bâtit la modernité, notre modernité.

Il était donc logique que le moment où la théologie échappe à l’autorité de l’université médiévale et du seul clergé constitue la première pierre de l’anthologie de la théologie chrétienne publiée par Le Cerf sous la direction de Bernard Lauret. Premier volume paru donc mais troisième dans l’ordre de la collection, ce tome est dirigé par Nicole Lemaitre et Marc Lienhard, deux grands spécialistes du christianisme de la Renaissance, qui ont aussi assuré une grande partie de l’ouvrage à la tête d’une équipe de quatorze collaborateurs, pour la plupart des historiens spécialistes du sujet, à l’instar de Matthieu Arnold, fin connaisseur de la pensée luthérienne.

L’anthologie débute par une solide introduction dégageant les nouvelles tendances et les principaux courants théologiques du XVIe siècle. Elle prend soin auparavant de replacer les textes présentés dans leur contexte en se penchant sur les centres d’intérêt et les problèmes de société de l’époque. De là naquirent les grand débats théologiques du siècle qui fournissent la matière aux seize chapitres donc aux seize thèmes du livre.

Si la plupart des textes intéresseront d’abord le théologien et l’historien qui y retrouveront une brève présentation de l’auteur et de son œuvre, nombre d’autres personnes sont susceptibles d’être intéressées, à commencer par le philosophe bien sûr qui fait souvent office d’historien dans le domaine des idées ; il y puisera quelques beaux textes dont certains très classiques comme des extraits de l’Utopie de Thomas More, la lettre-préface de Nicolas Copernic au pape.

Reste que la démarche d’ensemble demeure historienne, parce que les thèmes des chapitres s’inscrivent dans les préoccupations de l’époque et ne visent pas au premier chef à nourrir les interrogations contemporaines. Il suffira d’indiquer par exemple que le premier chapitre vise à établir le lien entre les XVe et XVIe siècles, que le cinquième traite du salut par la foi, que le quatorzième manifeste les inquiétudes soulevées par le sort des Indiens tant chez le dominicain Las Casas que chez le réformateur strasbourgeois Martin Bucer. Néanmoins, certains thèmes, comme la tolérance, présentent ponctuellement ou dans leur ensemble, un intérêt philosophique encore très actuel.

Hugues Marsat
( Mis en ligne le 26/04/2011 )
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