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Histoire & Sciences socialeset Période Contemporaine  

1943 - Le souffle de la victoire - Une histoire de la Deuxième Guerre mondiale - Tome 4
de Max Gallo
XO 2011 /  19,90 €- 130.35  ffr. / 368 pages
ISBN : 978-2-84563-504-3
FORMAT : 15,2cm x 24cm

L'auteur du compte rendu : Alexis Fourmont a étudié les sciences politiques des deux côtés du Rhin.


L'année cruciale

Né à Berditchev en Ukraine, Vassili Grossman (1905-1964) fut un témoin direct de la Seconde Guerre mondiale et plus spécialement des batailles qui opposèrent l’URSS aux Nazis. Dans la région du Dniepr, en 1943, il croisa un garçonnet à l’air hébété. «Sa maigreur est extrême, sa peau terreuse est tendue sur ses pommettes, de grosses bosses pointent sur son crâne, il a les lèvres sales, exsangues comme celles d’un mort tombé le visage contre terre. Son regard est las, on n’y lit ni joie ni chagrin». Vassili l’interrogea :

«Où est ton père ?
- Ils l’ont tué.
- Et ta mère ?
- Elle est morte.
- Tu as des frères et des sœurs ?
- Une sœur, ils l’ont emmenée en Allemagne.
- Il te reste de la famille ?
- Non, ils les ont brûlés dans un village de partisans»
.

Laissant l’infortuné à sa triste vie, Vassili le suivit du regard. Il se dirigeait vers «un champ de pommes de terre, avançant sur ses pieds nus, noir de boue, tirant sur les lambeaux de sa chemise déchirée» (pp.318-319).

Nombreuses furent les vies brisées par le Seconde Guerre mondiale. Comme l’indique Max Gallo dans 1943. Le souffle de la victoire, le tourment était partout. En effet, explique l’Académicien, «d’un bout à l’autre du monde, des îles du Pacifiques à l’océan Glacial Arctique, des collines caillouteuses de Sicile à la région de Smolensk, les hommes, les peuples – quelles que soient leurs responsabilités dans la naissance du conflit – souffrent» (p.203). L’année 1943 fut tout à fait cruciale. Certes, des plages de la Volga aux plages d’Italie du Sud, les revers des puissances de l’Axe s’accumulèrent, mais la victoire finale n’était pas encore acquise. Les Alliés n’étaient pas à l’abri de coups du sort, ni même de réactions d’orgueil de la part des Allemands.

Après d’innombrables pertes humaines, l’armée Rouge finit par reprendre Stalingrad au début du mois de février 1943. Les soldats de Staline en profitèrent alors pour récupérer le terrain perdu l’année précédente et surtout pour poursuivre l’ennemi allemand. Préparée par le général von Manstein, la riposte hitlérienne fut certes de grande ampleur, mais une fois encore, les Russes prirent le dessus notamment lors de la bataille de Koursk en juillet 1943. Celle-ci est d’ailleurs restée à la postérité comme la plus grande bataille de chars de l’Histoire.

Il faut dire que l’état-major russe s’y était minutieusement préparé. Dans le saillant du Koursk, les stratèges de Staline avaient entassé plus de 20.000 pièces d’artillerie, dont 6.000 canons et antichars ainsi que des centaines de lance-fusées Katioucha. Les champs de mines antichars et antipersonnel atteignaient une densité de 2.500 engins au kilomètre. Des fossés antichars profonds de près de cinq mètres avaient été creusés, de même que d’étroites tranchées pour permettre aux fantassins d’attaquer les chars allemands. A l’arrière de cet imposant dispositif, se tenaient les tanks T34, prêts à bondir sur l’assaillant. Si les Russes l’emportèrent, ils perdirent néanmoins quelques 320.000 hommes, à qui Staline promit en guise de contrepartie la «gloire éternelle».

En Afrique du Nord, malgré la grande ingéniosité du général Rommel, les Allemands refluèrent aussi en cette année 1943. Les Anglo-américains ayant conquis la maîtrise du ciel, le Reich fut quant à lui bombardé jour et nuit. Nombreuses furent les villes allemandes à être détruites. La population fut durement touchée. Les Alliés espéraient ainsi ébranler la confiance des Allemands dans leur Führer. En Italie, la situation n’était guère meilleure pour Mussolini. Le Duce s’engluait dans les difficultés : après avoir été déposé, il fut rétabli par les Nazis dans le Nord du pays, où il continua de se livrer à une politique à la fois brutale et raciste.

La France, naturellement, ne fut pas épargnée par ce torrent de souffrance. Si la Résistance s’organisa peu à peu sous la houlette de Jean Moulin, l’ancien préfet de Chartres fut trahi à Caluire, dans la banlieue lyonnaise. Les hommes de Klaus Barbie s’en emparèrent et, pour le faire parler, le torturèrent sauvagement. Toutefois, les Allemands ne parvinrent pas à leurs fins : héroïque, Max ne céda pas. Le 8 juillet 1943, Jean Moulin mourut dans le train l’emmenant à Berlin. Pour de Gaulle, le coup fut rude. Il le fut d’autant plus que Roosevelt et Churchill s’échinaient à l’entraver constamment. Mais, en cette année 1943, les Français lui firent de plus en plus confiance. A tel point que, le 24 décembre, le général de Gaulle put demander aux Français de s’unir «pour les efforts suprêmes» et «pour les douleurs suprêmes» «devant l’étoile de la Victoire qui brille maintenant à l’horizon» (p.325).

Alexis Fourmont
( Mis en ligne le 01/11/2011 )
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