L'actualité du livre
Histoire & Sciences socialeset Période Contemporaine  

Correspondance générale - Tome 12 - La campagne de Russie (1812)
de Napoléon Bonaparte et Collectif
Fayard 2012 /  54,90 €- 359.6  ffr. / 1530 pages
ISBN : 978-2-213-66862-8
FORMAT : 15,3 cm × 23,5 cm

L'auteur du compte rendu : Archiviste-paléographe, docteur de l'université de Paris I-Sorbonne, conservateur en chef du patrimoine, Thierry Sarmant est responsable des collections de monnaies et médailles du musée Carnavalet après avoir été adjoint au directeur du département des monnaies, médailles et antiques de la Bibliothèque nationale de France. Il a publié, entre autres titres, Les Demeures du Soleil, Louis XIV, Louvois et la surintendance des Bâtiments du roi (2003), Louis XIV. Homme et roi (Tallandier, 2012), Fontainebleau. Mille ans d'histoire de France (Tallandier, 2013).

Le roman vrai de 1812

Bicentenaire oblige, le volume de la Correspondance générale de Napoléon pour 1812 est paru avant ses camarades de 1809, 1810 et 1811. Dans la prodigieuse carrière de l’empereur, c’est sans doute le moment où l’intensité dramatique est à son comble, celui où le héros passe subitement de l’apothéose à la chute.

L’histoire est connue : la plus grande armée jamais rassemblée par Napoléon franchit le Niémen et s’enfonce dans l’immensité russe. Elle remporte une difficile victoire à Borodino, entre dans Moscou, s’y installe, voit la ville s’embraser. Au bout d’un mois, elle quitte la vieille capitale, repart, par la route de l’aller, et s’y défait, sous l’action conjuguée des cosaques et de l’hiver russe. Au terme de l’aventure, le général victorieux n’est plus qu’un fuyard qui abandonne ses troupes pour regagner Paris en toute hâte. Dans le même temps, la conspiration de Malet a failli emporter le régime et, en Espagne, le trône du roi Joseph chancelle.

Cette descente aux enfers, nous la connaissons mieux, grâce au livre récent de Marie-Pierre Rey, grâce au recueil de textes publié par le Service historique de la Défense, mais c’est une autre chose de la suivre, jour après jour, au fil des lettres dictées par Napoléon. La correspondance prend ici l’intérêt d’un roman vrai, ponctué de «moments» dignes de Tolstoï, comme lorsque l’empereur rend compte à Alexandre Ier de l’incendie de Moscou (20 septembre), assure Marie-Louise, à la veille de quitter la ville, qu’il n’a ressenti jusqu’ici «aucun froid» (19 octobre), avoue l’étendue des désastres à Maret (18 novembre) ou réclame le secours de son beau-père l’empereur d’Autriche (14 décembre).

Les éditeurs, comme dans les volumes précédents, ont fourni un impeccable apparat critique, complété par des annexes fournies, comprenant en particulier un organigramme détaillé de la Grande Armée de 1812 à son entrée en campagne, une étude sur l’organisation de l’armée russe entre 1810 et 1812, une étude sur le chiffre de Maret, ministre des Relations extérieures en 1812 et une table des lieux cités dans la correspondance avec leurs équivalents actuels.

Thierry Sarmant
( Mis en ligne le 21/01/2014 )
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